L'Etat va subventionner les e-cars au lieu des e-bikes

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GenèveL'Etat va subventionner les e-cars au lieu des e-bikes

Après huit ans d'aide à l'achat des vélos électriques, le Canton change de stratégie. Dès 2019, il financera les bornes de recharge des particuliers.

Jérôme Faas
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Jérôme Faas
Les installations de recharge électrique à domicile coûtent quelques milliers de francs.

Les installations de recharge électrique à domicile coûtent quelques milliers de francs.

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Genevoises, Genevois, précipitez-vous! Si vous désirez acheter un vélo électrique, il vous reste moins de trois mois pour profiter de la subvention cantonale de 250 francs. Dès le 1er janvier 2019, le Canton réorientera cette aide destinée à promouvoir la mobilité électrique. Elle ira aux particuliers qui installeront chez eux une borne de recharge pour voiture.

Au total, 500'000 francs par an sont à distribuer, soit la somme moyenne allouée chaque année aux cycles électriques: depuis 2010, 14'000 aides ont été versées pour leur acquisition. L'Etat souhaite finir en beauté en fixant un objectif de 15'000 vélos électriques subventionnés à Genève d'ici la fin de l'année.

Passé cette date, c'est l'achat de bornes qui sera soutenu. «Il s'agit de la mise en oeuvre de la stratégie d'e-mobilité adoptée par le Conseil d'Etat le 28 juin 2017», explique Philippe Royer, directeur du service de l'air, du bruit et des rayonnements non ionisants.

Plusieurs milliers de francs

Ces bornes coûtent «plusieurs milliers de francs, mais en général moins de 5000 francs», détaille-t-il. Leur coût dépend notamment de la vitesse de charge. Plus celle-ci est élevée, plus la puissance doit l'être, plus le prix s'envole. «Mais à domicile, a priori, les bornes à charge lente sont les plus adaptées: on charge pendant la nuit.»

La subvention sera versée aux privés (à comprendre au sens large, les coopératives, par exemple, étant éligibles) équipant leurs places de parking, mais pas aux entreprises. Philippe Royer précise que ces bornes sont destinées aussi bien aux propriétaires qu'aux locataires. «Il y a bien sûr des règles d'installation à respecter, mais plusieurs solutions existent.» Le montant de l'aide et la procédure d'obtention seront communiqués par l'Etat au moment de l'entrée en vigueur de l'offre.

Colère Verte...

Ce changement de stratégie étatique surprend et consterne la députée verte membre de la commission des transports Delphine Klopfenstein. «Il s'agit d'une mauvaise idée, qui va dans la mauvaise direction. Une voiture électrique, c'est bien sûr mieux qu'une voiture diesel, mais cela reste une voiture: c'est dangereux et cela prend de la place sur le domaine public. Au moment où le canton est étranglé par les embouteillages, mieux vaut un vélo qu'une voiture, quelle qu'elle soit.»

...et tempérance libérale

Rolin Wavre, député PLR membre de la même commission, a choisi de s'exprimer à ce titre (et non en tant que porte-parole de Pro Vélo, son autre casquette). «Je n'aime pas les micro-réactions. La semaine dernière, lors de la présentation de sa stratégie de mobilité, l'Etat a donné l'impression de faire la part belle au vélo et aux pistes cyclables. Là, l'image donnée est différente. Chaque semaine, il y a des annonces. Il faudra juger sur la globalité de la politique, sa capacité a faire le meilleur usage possible de la mobilité douce.»

Les raisons du Canton

Porte-parole du département des Infrastructures, Roland Godel, explique la démarche de l'Etat. «La subvention des e-vélos servait à promouvoir un nouveau mode de transport. Maintenant, il est là, il n'y a qu'à regarder autour de soi. Sa généralisation est fulgurante, les prix ont baissé. On ne va pas le subventionner éternellement. Nous avons le sentiment que le besoin n'est plus d'aider à l'achat, mais d'accompagner la mise dans le trafic.»

Les accidents impliquant des vélos électriques sont en effet en hausse, notamment parce que des usagers sans pratique sportive ni habitude des deux-roues s'y sont mis. C'est la raison pour laquelle l'Etat va subventionner des cours (lire encadré) de conduite à vélo. «Le besoin est criant.» Et tenter de promouvoir les nouveaux modes de transports. Le vélo-cargo d'une part, la voiture électrique de l'autre.

Vélos pas oubliés

En 2019, le Canton continuera à aider, certes plus modestement que jusqu'à présent, l'essor du cyclisme à assistance électrique. Une enveloppe annuelle de 100'000 francs est prévue pour ce faire. Elle servira à subventionner les cours de vélo dispensés par Pro Vélo ou le TCS. Elle pourra aussi être utilisée pour acheter des vélos-cargos (10% du prix d'achat, au maximum 500 francs) ou pour des locations longue durée de vélos électriques (50% du prix, maximum 250 francs).

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