MaliLa junte plus que jamais menacée par les rebelles
Des rebelles touareg ont pénétré samedi dans la ville de Gao, dernière place-forte au nord Mali des troupes de la junte.
Des rebelles touareg ont pénétré samedi dans la ville de Gao, dernière place-forte au nord Mali des troupes de la junte. Celle-ci est désormais prise en tenaille par la rébellion au nord et les pays d'Afrique de l'Ouest qui ont mis en alerte leur force d'intervention.
Sous les tirs d'armes lourdes, des rebelles sont entrés dans au moins trois des huit quartiers de Gao, principale ville du nord, à un millier de km au nord-est de Bamako, et qui abrite l'état-major de l'armée malienne pour toute la région septentrionale.
Les assaillants ont été repoussés en fin de journée, ont affirmé deux sources militaires à Bamako, qui craignaient cependant un nouvel assaut.
Les combats se sont concentrés autour des deux camps militaires de Gao, où les forces gouvernementales se sont réfugiées pour résister, selon des témoignages concordants.
Islamistes
Toujours selon des témoins, des islamistes ont participé à l'assaut, dont certains s'en sont pris à des débits de boissons, et criaient «Ansar Dine», du nom du groupe armé du chef touareg Iyad Ag Ghaly, l'une des principales composantes de la rébellion.
Dans un courriel adressé à l'AFP, «le Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao)», une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, a revendiqué sa participation à l'attaque.
Kidal, à environ 300 km plus au nord-est vers la frontière algérienne, avait été prise par Ansar Dine, appuyé par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Commandées par le colonel Aladji Gamou, lui-même touareg, les forces gouvernementales s'étaient repliées vers Gao. C'est désormais l'essentiel du nord-est du pays qui est aux mains des rebelles touareg et de groupes islamistes qui mènent depuis la mi-janvier une vaste offensive pour «libérer» les territoires de l'Azawad, berceau des Touareg.
Junte acculée
A un millier de km, Bamako semble encore hors de portée des rebelles, mais la prise de Kidal et les combats à Gao menacent plus que jamais la junte du Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE).
Acculée face aux rebelles, la junte est aussi totalement isolée sur la scène internationale. Après avoir déjà menacé les mutins d'un embargo «diplomatique et financier» si l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli d'ici lundi, les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest» (Cédéao) ont mis en alerte samedi leur «force d'intervention».
«Nous avons 2.000 hommes dans ces forces. Nous avons demandé à la communauté internationale de nous appuyer, d'appuyer le Mali», a annoncé le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de l'organisation ouest-africaine.
Mission floue
L'objectif est de «préserver à tout prix l'intégrité territoriale du Mali», a expliqué M. Ouattara: «si la légitimité est rétablie et que ces mouvements armés s'aperçoivent qu'il y a une mobilisation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite».
La ou les missions de cette force d'intervention comme ses modalités de déploiement restent bien floues pour le moment: s'agit- il de remettre au pas la junte à Bamako, ou de stopper l'avancée de la rébellion dans le nord?
Rétablir le pouvoir civil
Trois représentants de la junte sont arrivés samedi à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise. Les officiers putschistes ont promis de proposer «très rapidement» de nouvelles mesures pour rétablir un pouvoir civil à Bamako.
«Nous ne voulons pas confisquer le pouvoir», a assuré le colonel Moussa Sinko Coulibaly lors d'une conférence de presse. (ats)
Manifestations
A Bamako, à l'appel de religieux musulmans, catholiques et protestants, plus de 25'000 personnes ont participé sans incident dans un stade du centre de la capitale à un grand rassemblement «pour la paix».
Au même moment, des milliers de partisans de la junte se sont retrouvés lors d'un meeting dans un autre stade en périphérie sud de Bamako, exprimant leur hostilité au régime renversé, à la France et aux pays voisins du Mali.
L'armée a décidé «de ne pas prolonger les combats» à Gao
L'armée malienne a décidé «de ne pas prolonger les combats» à Gao, principale ville du Nord du Mali attaquée samedi par les rebelles touareg, a annoncé le chef de la junte militaire, le capitaine Amadou Sanogo, alimentant la confusion sur la situation dans la ville.
«Au regard de la situation des populations au voisinage» de la zone des affrontements, «les forces maliennes ont décidé de ne pas prolonger les combats», a déclaré le capitaine Sanogo, dans un communiqué lu à la télévision publique ORTM. Dans le même communiqué, il a pourtant affirmé que les rebelles «avaient été repoussés par les forces armées».