ImmigrationLes États-Unis abaissent le quota de réfugiés
18'000 personnes seulement pourront se réfugier aux États-Unis en 2020, contre près de 85'000 en 2016.

Mike Pompeo, le secrétaire d'État américain, jeudi 26 septembre 2019.
AFPL'administration de Donald Trump a présenté jeudi une nouvelle réduction draconienne du quota de réfugiés accueillis aux Etats-Unis dans le cadre de leur politique de réinstallation, s'attirant les critiques des organisations humanitaires.
Au cours de l'année budgétaire 2020, qui commence le 1er octobre prochain, ce programme devrait concerner 18'000 réfugiés contre 30'000 cette année et près de 85'000 en 2016, a annoncé le département d'Etat américain dans un communiqué. C'est un nouveau plus bas historique: depuis que ce programme de réinstallation a été créé en 1980, la moyenne annuelle dépasse les 95'000 réinstallations.
Ce quota doit maintenant être discuté avec le Congrès avant d'être, sauf énorme surprise, confirmé par Donald Trump, dont la lutte contre l'immigration reste un des principaux chevaux de bataille à un an de l'élection présidentielle.
«Priorité au bien-être des citoyens américains»
«Le président donnera toujours la priorité au bien-être des citoyens américains», a martelé la Maison Blanche. «Le poids sous lequel croule actuellement le système d'immigration américain doit être allégé avant que les Etats-Unis puissent de nouveau réinstaller un grand nombre de réfugiés», a estimé le département d'Etat.
Cette politique concerne des réfugiés sélectionnés par les agences de sécurité et de renseignement américaines dans les camps de l'ONU à travers le monde pour être réinstallés aux Etats-Unis, essentiellement parmi les plus vulnérables comme les personnes âgées, les veuves et les handicapés.
«Un jour très triste»
«Notre quotas de réfugiés doit aussi prendre en compte nos intérêts de sécurité nationale et de politique étrangère», a estimé le département d'État. «Ces dernières années, les forces de l'ordre ont appréhendé des terroristes présumés passés par notre programme pour les réfugiés», a-t-il affirmé.
«En outre, afin de servir les intérêts de la politique étrangère des États-Unis, la proposition de réinstallation de réfugiés» pour l'année budgétaire 2020 «prévoit des quotas spécifiques pour les personnes persécutées pour leur foi religieuse, pour des Irakiens mis en danger en raison de leur assistance aux États-Unis, et des réfugiés légitimes des pays du Triangle du Nord» qui comprend le Salvador, le Guatemala et le Honduras.
Les programmes de réinstallation se différencient des demandes d'asile classiques aux frontières américaines, et Washington appelle à analyser sa politique dans sa globalité. «Les Etats-Unis ont toujours été et vont toujours rester la nation la plus généreuse au monde quand il s'agit de l'accueil de ceux qui ont besoin de protection humanitaire», a plaidé le ministre par intérim de la Sécurité intérieure Kevin McAleenan dans un communiqué.
Le gouvernement prévoit de recevoir en tout plus de 368'000 nouveaux réfugiés et demandes d'asiles en 2020, parmi lesquels les 18'000 personnes «réinstallées». Mais seule une petite partie de ces personnes se voient in fine octroyer le statut de réfugié.
«C'est un jour très triste pour l'Amérique», a réagi le président de l'organisation non gouvernementale International Rescue Committee David Miliband. «C'est un nouveau coup porté au leadership américain dans la protection des personnes les plus vulnérables de la planète», a-t-il ajouté, évoquant une décision «sans fondement et non nécessaire qui nuit aux intérêts de l'Amérique et ternit ses valeurs».
C'est un «triste constat pour le leadership américain» a aussi dénoncé Refugees International. «Je me trouve actuellement en Colombie où quelque 5'000 Vénézuéliens cherchent refuge chaque jour», a dit le président de cette organisation humanitaire, Eric Schwartz, dans un communiqué. «Ce que le président Trump dit trouver difficile à faire pour les Etats-Unis, c'est-à-dire accueillir 18'000 personnes en un an, la Colombie le fait tous les quatre jours.» (nxp/afp)
Les raids de la police migratoire «dévastateurs» pour les familles
Les arrestations de la police migratoire américaine (ICE) peuvent avoir un impact émotionnel «dévastateur» sur les familles, a reconnu jeudi le chef de l'ICE à Los Angeles. Il estime toutefois que cet impact pourrait être atténué si les autorités californiennes coopéraient avec elle. Les lois qui font de la Californie un «Etat sanctuaire» «mettent en danger le public en empêchant les services des forces de l'ordre locales de travailler avec l'ICE ou même de partager avec elle des informations essentielles», a affirmé David Marin lors d'une conférence de presse. «Ces lois protègent seulement des criminels sans papiers», a-t-il accusé. Dirigée par les adversaires démocrates du président Donald Trump, l'Etat de Californie s'est déclaré «sanctuaire» en 2017 et a adopté des lois qui interdisent aux policiers de coopérer avec les autorités fédérales pour appréhender des immigrés clandestins ou de les maintenir en détention pour les livrer à l'ICE. Par défaut, la police migratoire cherche à interpeller les clandestins directement au sein des communautés.