Péripéties et émotions au retour des Romands

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Blocage d'une mine de charbonPéripéties et émotions au retour des Romands

Après avoir bloqué une mine de charbon en Allemagne, les quelques Romands présents ont connu un retour mouvementé. Ils gardent toutefois en eux les émotions fortes du week-end.

Pauline Rumpf
par
Pauline Rumpf

Reportage au coeur de l'action «Ende Gelände», avec un groupe de Romands ayant fait le déplacement jusqu'en Allemagne pour aller bloquer une mine de charbon dénoncée comme étant la plus polluante d'Europe.

Après avoir participé à l'action Ende Gelände en Allemagne, qui visait à bloquer une mine de charbon pour protester contre la déforestation et les dégâts climatiques induits, l'équipe de Romands que nous avons suivie sur place a connu un retour un brin chaotique.

Autostop hasardeux

«Arrivés à Francfort, on a tenté le stop pendant deux bonnes heures dans le froid et la nuit qui tombait, raconte Antoine. On s'est résigné à prendre le train.» Un deuxième binôme à tenté le stop depuis un village voisin de la mine. «On a bien galéré, et on a un peu subi la haine des locaux, concède Alex. Après coup on s'est dit qu'il y avait probablement plein d'employés et sympathisants de l'entreprise exploitant la mine.»

Finalement, une fois lancés, ils sont parvenus à rentrer, tout en vivant une expérience et des conversations enrichissantes avec leurs chauffeurs d'un instant, raconte Alex. «Le temps que ça nous a pris n'est pas perdu et il se pourrait même qu'il aie d'autant plus de valeur», estime-t-il. Une autre partie du groupe avait réservé un train de nuit pour samedi soir, mais devant l'absence de couchettes, s'est résolu à dormir à même le sol du wagon, créant ainsi une scène plutôt insolite.

Le petit groupe a ensuite appris que quatre de leurs connaissances, membres de Lausanne action climat (LAC) avaient été placés en garde à vue après être allés bloquer les voies de train. Ils ont pu rentrer en bus lundi grâce aux dons d'autres militants.

«Tout ça pour garder en mémoire cette expérience unique, résume Antoine. C'était un privilège de faire partie de cette atmosphère de respect des uns des autres en tout temps, et de cette structure gigantesque mise en place dans de si brefs délais. Par exemple, la création d'un campement pour plus de 5000 personnes en deux jours, avec de la nourriture chaude, des bus et trains organisés pour faire venir les gens depuis toute l'Europe...» La brièveté du délai était due aux autorisations, délivrées à la dernière minute par les autorités.

Émotions et réflexion

Les slogans et chants de la manifestation résonneront encore longtemps dans les têtes de ces militants. «C'était notre première action du genre, mais clairement pas la dernière, assure Sheridan. Nous sommes prêts à prendre des risques maintenant, car si nous n'agissons pas, nous risquons bien plus gros pour le futur de l'humanité sur Terre. C'est un combat contre la domination du profit sur la planète, de l'humain sur la nature, des grandes entreprises sur le peuple.»

Le groupe de Romands a aussi réfléchi au message porté par l'événement auquel ils ont participé. «Par cette action, on ne s'oppose pas seulement aux usines à charbon, mais au système de consommation électrique actuel, précise Antoine. Selon moi, la solution à long terme n'est pas de construire des milliers d'éoliennes et de panneaux solaires, mais de trouver des moyens de réduire la demande. Et cela passe autant par les gouvernements que les individus et les entreprises.»

Plainte déposée par l'entreprise visée

L'entreprise RWE, qui exploite la mine de charbon visée par l'action «Ende Gelände», a annoncé dans un communiqué qu'elle poursuivrait les personnes interpellées dans le cadre du blocage de la mine et de ses voies de train. Une plainte a également été déposée contre les participants d'une manifestation illégale jeudi, explique-t-elle.

«RWE Power respecte le droit à la liberté d'expression, écrit-elle dans le communiqué. Mais c'est inacceptable de violer délibérément des lois sous prétexte de protection du climat, et de commettre un crime.»

Par ailleurs, la firme indique que sa production d'électricité n'a pas été impactée par le blocus. Toutefois, elle a subi un important préjudice économique, ajoute-t-elle dans son communiqué. RWE conclut qu'elle a fixé des objectifs climatique clairs pour 2030, à savoir la réduction des gaz à effet de serre de 50% par rapport au niveau de 2015, et que sa production de courant est essentielle pour subvenir aux besoins et compenser les irrégularités liées aux énergies renouvelables.

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