ValaisLa «meute» de Monthey risque de 5 à 7 ans de taule
Dix jeunes voyous du Chablais sont jugés pour avoir passé à tabac et attaqué à coups de couteaux et de tessons de bouteille un homme en 2017.

Les plaies subies par la victime étaient impressionnantes.
DRLa scène, irréelle, s'est déroulée devant une des portes vitrées du tribunal, sous l'oeil impassible des gendarmes. Un prévenu a fait un selfie avec un détenu entravé aux jambes et une parente...
C'est dire si les peines de 5 à 7 ans de prison – assorties de l'expulsion pour certains – requises par la procureure Emmanuelle Raboud n'ont pas trop perturbé le groupe de dix jeunes Kosovars, Portugais et Suisses jugés depuis lundi devant le Tribunal de Monthey.
Cette instance a siégé à Sion pour des questions de sécurité. Les policiers présents pour encadrer le procès étaient en effet plus nombreux que cette bande qui a terrorisé le Chablais au point que les témoins n'ont accepté de parler qu'à la seule condition que leur anonymat soit garanti.
Corps lardé de plaies et de coupures
Les faits sont simples, et contestés sur le rôle de chacun: les dix prévenus, âgés de 21 à 31 ans, ont tabassé un homme fin avril 2017 devant un bar de Monthey. C'est à coups de couteaux et de tessons de bouteille qu'ils s'en sont pris à ce paysagiste suisse. L'homme a été littéralement lacéré: la liste des plaies subies par la victime occupe trois pages de l'acte d'accusation.
Et pourtant, ses jours n'ont pas été en danger et il n'a passé qu'un jour à l'hôpital. C'est probablement sa constitution et sa musculature imposantes, tout comme son habitude à donner et recevoir des coups, qui lui ont sauvé la vie. La victime, qui ressent cependant toujours des douleurs et va devoir changer de métier, réclame 50'000 francs d'indemnités pour tort moral.
Des «petites frappes» qui jouent aux caïds
La tentative de meurtre a été retenue par la procureure, dont les mots ont été aussi forts que les sanctions réclamées: «Ce sont de petites frappes qui se prennent pour de gros caïds. Ils éprouvent du plaisir à donner des coups. Il s'agissait d'un règlement de comptes, d'un guet-apens, d'un passage à tabac.»
La magistrate a constaté la solidité des témoignages concordants et des vidéos devant le bar, au contraire des «versions burlesques» fournies par les prévenus. Elle a dénoncé la «puissance de la meute» et le clan qui s'enivre avant de débouler en ville pour s'illustrer. Elle a requis 7 ans de prison contre le principal accusé, un Kosovar qui a aussi escroqué une banque pour un montant de 60'000 francs. Contre les complices, elle a réclamé quatre fois 6 ans et cinq fois 5 ans de prison.
A noter que la victime est aussi prévenue de rixe et risque 100 jours-amende ferme.
Le procès se poursuit avec les plaidoiries des onze avocats, qui chercheront sans doute à contester la tentative de meurtre.