Les femmes UDC font hurler des grévistes

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Grève du 14 juinLes femmes UDC font hurler des grévistes

Des membres du parti organiseront le 14 juin un repas de soutien à une association qui affiche des positions hostiles à l'avortement. Colère chez des féministes.

Yannick Weber
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Yannick Weber
Le mouvement ne fait pas l'unanimité chez les femmes.

Le mouvement ne fait pas l'unanimité chez les femmes.

Keystone

Pendant qu'auront lieu des manifestations le 14 juin à l'occasion de la grève des femmes, des membres de l'UDC participeront à un repas de soutien destiné à l'association Aide suisse pour la mère et l'enfant (ASME). Celle-ci assiste des couples et des femmes le long de la grossesse et après la naissance de l'enfant. Mais des participantes à la grève sont allées dénicher des détails qui leur ont hérissé les poils.

La pilule du lendemain, un «produit abortif»

L'ASME consacre une partie de son site internet à l'avortement et y affiche des positions qui lui sont hostiles. Les conséquences de l'acte y sont vues comme étant faites de «tristesse à long terme et de regrets» et l'association souhaite favoriser des alternatives. Toujours dans cette section, la pilule du lendemain n'est pas considérée comme un moyen de contraception, mais comme «un produit abortif précoce».

«Que des femmes préfèrent défendre une association qui met en péril le droit des femmes plutôt que de se rassembler lors de la grève nous met en colère», commente Audrey Petoud, porte-parole de la Jeunesse socialiste vaudoise. «La grève n'est pas un moyen d'action qui nous correspond. Tout l'argent récolté lors de notre repas servira à venir en aide à des femmes précarisées. On préfère l'action plutôt que les slogans», rétorque Lucie Rochat, présidente de l'Association des femmes UDC romandes.

Fractures chez les femmes

La querelle montre les dissensions internes qui existent chez les femmes. «Nous sommes aussi en colère car nous sommes prises en otages par des femmes qui défendent un manifeste de gauche. Elles n'ont pas le droit de parler au nom de toutes et nous avons voulu faire une action de notre côté, sans quoi on nous aurait encore accusées de ne rien faire», poursuit Lucie Rochat.

Pour Audrey Petoud, au contraire, cette opposition est «dommage». «La grève est issue d'un appel collectif et non-partisan. Nous ne sommes pas toujours toutes d'accord, mais ce mouvement est l'occasion de se rassembler», estime-t-elle. Mais pas de quoi convaincre les femmes UDC, qui lancent une dernière pique aux grévistes. «Il y aura là-bas surtout des femmes qui sont privilégiées d'avoir un employeur arrangeant. Les femmes précarisées, elles, ne pourront pas faire la grève», remarque Lucie Rochat.

Fenêtres à bébé et anti-IVG

L'ASME, qui revendique des racines chrétiennes, est reconnue d'utilité publique. Son but est de conseiller et aider couples et familles en difficulté. Lucie Rochat, par exemple, témoigne avoir bénéficié, de la part de cette association, de bons d'achat juste avant Noël lui permettant d'offrir des cadeaux à ses enfants. L'association est également à l'origine des fenêtres à bébé situées dans plusieurs hôpitaux, où des mères peuvent déposer un nourrisson qui sera pris en charge. C'est cette même association qui avait déposé une initiative populaire demandant l'interdiction de l'avortement, et qui avait été largement rejetée en votation en 2002.

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