OuarzazateUn chirurgien suisse en prison au Maroc
Un citoyen à la double nationalité marocaine et Suisse est en détention à Ouarzazate au Maroc depuis le 13 juin.
Un chirurgien du nom de Labbas Sbaï qui a travaillé en Suisse romande fait la grève de la faim dans une prison marocaine pour protester contre une arrestation qu'il juge arbitraire, a indiqué sa famille.
Selon les médias, Labbas Sbaï paye pour avoir nommément désigné de hauts responsables locaux qui seraient impliqués dans la couverture d'un trafic de cigarettes et de chameaux entre le Maroc et l'Algérie en 2006.
Libéré avant la fin de sa peine, Labbas Sbaï a été à nouveau arrêté le 11 juin dernier à Casablanca, a indiqué à l'ATS son frère, Ali Sbaï, confirmant une information du journal «Le Temps».
Il refuserait la demande d'excuses
Selon lui, le procureur aurait alors exigé de Labbas Sbaï qu'il signe une demande de grâce, pendante depuis plus de quatre ans. Faute de quoi, il devait purger immédiatement le solde de la peine de l'époque. Ce qui s'est produit, l'homme ayant refusé de «demander des excuses».
Emprisonné à Ouarzazate, Labbas Sbaï a entamé une grève de la faim. Il a été hospitalisé le 6 juillet en raison de son état de santé, précise Ali Sbaï. «On lui administre des liquides, heureusement», indique le frère du détenu, qui dit lui avoir parlé au téléphone lundi. Mais «c'est un nomade, il est coriace», ajoute-t- il.
Selon son frère, Labbas Sbaï devrait être libéré durant la première semaine d'août. Le chirurgien est par ailleurs «déçu» de ne pas avoir eu la visite du représentant de l'ambassade suisse au Maroc, prévue vendredi et refusée par les autorités marocaines, indique encore Ali Sbaï.
Protection consulaire
A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) indique simplement être informé de la détention d'un citoyen double national au Maroc. «L'ambassade de Suisse à Rabat assiste notre compatriote dans le cadre de la protection consulaire», a écrit Carole Wälti, porte-parole du DFAE, dans un courriel à l'ATS.
Mais «la protection consulaire est plus difficile à octroyer quand les intéressés sont des doubles nationaux et que la nationalité du pays de détention est considérée prépondérante», ajoute-t-elle.
Amnesty demande des clarifications
Amnesty International (AI) suit ce dossier et est en contact avec la famille de M. Sbaï, a indiqué la porte-parole de sa section suisse, Manon Schick. L'organisation de défense des droits humains «se pose des questions sur la raison de cette nouvelle arrestation» qui semble peu claire, a-t-elle précisé.
Une lettre d'AI demandant des clarifications a été adressée aux autorités marocaines afin de savoir au nom de quoi il a été arrêté, a ajouté la porte-parole. Contactées par l'ATS, les autorités marocaines n'avaient pas réagi dans l'immédiat.
Labbas Sbaï avait été condamné à six mois de prison en février 2006 pour avoir diffamé les autorités locales, au terme d'un procès expéditif dans la ville de Zagora. La peine a été réduite en appel à trois mois. M. Sbaï avait été libéré le 10 mars de la même année, après une grève de la faim et une mobilisation locale, a indiqué son frère. (ats)