Patrouille Suisse égarée«C'était la première fois que je volais dans la zone»
Samedi, la Patrouille Suisse a fait son show aérien au-dessus du mauvais village. Leader de la flotte, Gunnar Jansen assume et présente ses excuses. Interview
Monsieur Jansen, en tant que meneur de la Patrouille Suisse, vous avez guidé vos hommes au-dessus du festival de yodel de Mümliswil (SO) plutôt qu'aux commémorations de la mort d'Oskar Bider, à Langenbruck (BL), que vous deviez survoler. Quand vous êtes-vous rendu compte de cette erreur?
Je ne l'ai remarqué qu'à l'atterrissage, quand j'ai téléphoné au commandant de la Patrouille Suisse et qu'il m'a dit que j'avais raté Langenbruck.
Comment cela a-t-il pu arriver?
Lors d'un survol rapide comme celui de samedi, nous ne faisons pas de vol de reconnaissance, contrairement à un meeting de présentation de la Patrouille par exemple. C'était donc la première fois que je volais dans la région. Quand je suis entré dans la vallée, vers 11h, j'ai appris par radio qu'un hélicoptère se trouvait aussi dans la zone. Je me suis alors demandé comment j'allais l'éviter, et pendant que je réfléchissais, j'ai dépassé Langenbruck et j'ai vu apparaître la tente du festival de Mümliswil. J'ai pensé que c'était les commémorations.
Certes, vous naviguez sans assistance au sol et les instruments embarqués dans le Tiger F5 sont vieillots. Mais quand même, un professionnel a-t-il le droit de faire une telle gaffe?
Non. Je m'excuse auprès de tous les visiteurs et auprès des fans venus spécialement pour l'occasion. Je comprends tout à fait leur déception. Mais il faut aussi prendre en compte que je navigue à vue, avec une carte à l'échelle 1:100'000. Le Tiger F5 possède bien une sorte de système de navigation, mais il est imprécis: pour chaque heure de vol, la position indiquée diverge d'environ un à trois kilomètres de la position réelle. Je dois donc faire confiance à ma vue.
Les réactions ont été vives: les spectateurs étaient déçus et la Patrouille a été la cible de nombreuses moqueries.
Cette erreur m'embarrasse beaucoup. En tant que meneur, je suis responsable de la navigation. Mais ce cas montre que malgré l'entrainement intensif des pilotes de la Patrouille Suisse, le facteur humain ne peut pas être entièrement exclu. Nos six pilotes doivent prendre des décisions en très peu de temps, et nous ne sommes pas infaillibles. Je dois dire que nous sommes contents que ça n'ait causé aucun incident de sécurité.
Que retenez-vous de cette histoire?
Que le commandant doit, autant que possible, être stationné au sol afin de pouvoir nous indiquer ce genre d'erreurs. C'est déjà le cas pour les meetings aériens, mais ça devrait aussi être la règle pour tous les vols que nous faisons.
Dans votre équipe, on vous a donné le surnom de Gandalf à cause de vos cheveux grisonnants malgré votre jeune âge. Vous êtes-vous fait des cheveux blancs supplémentaires samedi?
Oui, c'est bien possible! Heureusement, ils ne se verront pas au milieu des nombreux autres.