«Peu d'or n'a jamais été un problème lors d'une crise»

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Zurich«Peu d'or n'a jamais été un problème lors d'une crise»

La Banque nationale suisse (BNS) se mobilise contre l'initiative sur l'or. Son président, Thomas Jordan, explique pour quelles raisons.

Laura Frommberg/jbm
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Thomas Jordan redoute les conséquences du texte.

Thomas Jordan redoute les conséquences du texte.

Le 30 novembre prochain, le souverain devra dire s'il accepte l'initiative populaire «Sauvez l'or de la Suisse» lancée par l'UDC. Le texte demande que la BNS porte à 20% au moins la part des actifs qu'elle détient sous forme d'or, que ce métal reste en Suisse et ne puisse pas être vendu.

– Thomas Jordan, vous êtes très présent dans les médias. Avez-vous peur de cette initiative?

– Nous avons le devoir de l'expliquer aux citoyens. Nous devons expliciter ses conséquences, en cas d'adoption. Les revendications des initiants affaibliraient la Banque nationale. L'erreur fatale est la combinaison entre une proportion en or dans les actifs de la BNS et l'interdiction de la vente.

– Autrement dit, si vous vouliez équilibrer votre bilan en cas de crise, vous devriez toujours acheter du métal précieux...

– ... et si nous voulions réduire les pertes, nous ne pourrions le faire qu'en vendant d'autres actifs, car nous ne pourrions pas céder de l'or. En cas d'inflation, nous pourrions à peine réagir et n'aurions pas les moyens de diminuer la masse monétaire. La stabilité des prix serait alors en danger.

– Les initiants disent qu'on peut se prémunir des crises internationales avec les réserves de notre pays.

– Lors d'une crise économique, peu d'or n'a jamais été un problème. En revanche, le franc fort a été un souci. Nous avions une appréciation du franc trop élevée qui a conduit à des problèmes majeurs dans l'économie suisse. Nous devons réduire au maximum de telles perturbations, ceci dans l'intérêt du pays. En cas de «oui» à l'initiative, notre marge de manœuvre serait très limitée.

– Pourquoi l'intérêt pour le texte sur l'or reçoit-il un tel écho auprès de la population?

– C'est un thème très émotionnel. Et les intitiants l'ont bien compris. C'est pourquoi nous devons rendre compréhensibles les points clés. Il serait désastreux que le souverain fonde sa décision sur des arguments irrationnels qui ne sont pas dans l'intérêt du citoyen et de la Suisse.

– Y a-t-il quelque chose de positif dans cette initiative?

– Si on réfléchit à qui elle profite, on se rend compte que ceux qui spéculent sur l'or et les devises la soutiennent. Ils anticipent l'augmentation du prix du métal, en cas de «oui».

Intérêt bien senti

Les partisans du texte peuvent compter sur des appuis financiers surprenants: des donateurs étrangers se sont manifestés. Leur intérêt n'est pas philanthropique: un oui dans les urnes boosterait le prix de l'or de 18%, relate «Le Temps». La pression des spéculateurs se fait aussi sentir sur le franc, estiment les experts de la BCZ. Sous pression mardi face à l'euro, il s'échangeait à 1,2025fr.

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