Faut-il laisser les médecins travailler davantage?

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SuisseFaut-il laisser les médecins travailler davantage?

La société suisse de médecine intensive ne veut plus limiter à 50 heures le temps de travail du personnel soignant dans les soins intensifs. Du côté des patients, on désapprouve.

par
Christine Talos
Respecter la loi oblige les soins intensifs à engager davantage de personnel.

Respecter la loi oblige les soins intensifs à engager davantage de personnel.

Keystone

Les médecins et les infirmières travaillant dans les soins intensifs vont-ils devoir travailler bien plus que ce que la loi prévoit? C'est en tout cas ce que souhaite la société suisse de médecine intensive (SSMI) qui demande à ce que le personnel soignant n'ait plus à enregistrer ses heures de travail, annonce le Blick lundi. Pour rappel, la loi sur le travail, en vigueur depuis janvier 2005, limite le travail des médecins à 50 heures par semaine.

Pourquoi cette demande? Selon Thierry Fumeaux, président de la SSMI, l'application stricte de la loi engendre des problèmes et ne permet pas de garantir la continuité des soins aux patients. Selon lui, au cours d'une période de garde, les assistants et les médecins-chefs changent et se transmettent les informations sur les patients. Ce qui représente une source potentielle d'erreurs et d'oublis, affirme ce médecin-chef du groupement hospitalier de L'Ouest Lémanique à Nyon.

Derrière cette demande, il y a aussi une raison financière et Thierry Fumeaux ne le cache pas: limiter le travail des médecins comme la loi le prescrit oblige les établissements de soins à engager davantage d'assistants, ce qui signifie des coûts plus élevés.

Les mêmes effets que l'alcool

Du côté des patients, on craint pour la sécurité des malades. Le non-respect de la loi entraînera un surcroît de fatigue, estime Susanne Hochuli, présidente de l'Organisation suisse des patients. «On sait qu'un pour mille d'alcool a le même effet sur une personne que 24 heures d'insomnie ou que trop peu de sommeil sur une longue période», souligne-t-elle. Et de comparer avec les chauffeurs poids lourds qui sont tenus par la loi de respecter strictement les périodes de repos. «La vie d'un patient vaut-elle moins que la sécurité d'un usager de la route?», se demande-t-elle.

Erika Ziltener, présidente de la Fédération suisse des patients, va dans le même sens. «Je sais par expérience qu'il y a plus d'erreurs quand on est surmené», souligne cette infirmière qualifiée. Et selon elle, le respect de la loi est d'autant plus important dans les soins intensifs.

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