Fumer nuit à vos chances de trouver un boulot

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EmploiFumer nuit à vos chances de trouver un boulot

Des entreprises recrutent uniquement des non-fumeurs et le mentionnent noir sur blanc dans leurs offres d'emploi. Une discrimination, selon Unia. Mais la pratique n'est pas illégale.

par
S. Spaeth
D. Benz/lph
Être fumeur peut parfois être un désavantage sur le marché du travail.

Être fumeur peut parfois être un désavantage sur le marché du travail.

Zoranm

Profil: tu as de bonnes compétences linguistiques, de l'expérience, tu es flexible... et non-fumeur. C'est ce qu'on peut lire dans une offre d'emploi pour un poste de stagiaire chez FELFEL, start-up dans le secteur alimentaire basée à Zurich et Lausanne.

L'employeur détaille: «FELFEL est une entreprise non-fumeurs qui prône le «healthy living» (ndlr: vie saine). Par conséquent, fumer durant les heures de travail n'est pas autorisé, tout comme sentir la fumée. Nous ne voulons pas d'odeur de cigarette dans nos bureaux ni chez nos clients.»

Il ne s'agit pas d'un cas isolé: une vingtaine d'offres d'emploi où le critère «non-fumeur» était explicitement mentionné ont été récemment publiées. Parmi les annonceurs, la Clinique de Lucerne, une boîte de cosmétiques ou encore une société immobilière et fiduciaire de la «Gold Coast» zurichoise. En Suisse romande, la pratique semble en revanche moins répandue.

Pas justifié, selon Unia

Le syndicat Unia estime que, s'il revient aux entreprises de définir les lieux où il est permis de fumer ou non, la question est tout autre quand il s'agit de recruter: «Cela relève du privé, ce n'est pas approprié dans une offre d'emploi», réagit Philipp Zimmermann, porte-parole d'Unia. «Que quelqu'un fume pendant son temps libre ou pendant une pause ne regarde pas l'employeur», poursuit-il. Car, toujours selon lui, le tabagisme ne nuit pas suffisamment à la productivité des employés pour que le sujet soit pertinent lors d'un processus d'embauche.

De leur côté, certaines entreprises justifient leur démarche. C'est le cas d'Ortek, qui fabrique des articulations artificielles et recherche explicitement des non-fumeurs: «Comme nous sommes actifs dans le secteur de la santé, nous préférons que nos employés s'occupent de la leur et ne fument pas», explique Hans Bachmann, directeur des ressources humaines de cette entreprise de 50 employés.

Pertinente ou non, la pratique n'est en tout cas pas répréhensible. «D'autant que les employeurs ont l'obligation légale de garantir à leurs employés un lieu sans tabac», rappelle Roger Rudolph, professeur de droit du travail à l'Université de Zurich. L'expert ajoute que de telles offres d'emploi ne sont pas discriminatoires du point de vue du droit.

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