Le Conseil fédéral et la présidente bouleversés

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Massacre à «Charlie Hebdo»Le Conseil fédéral et la présidente bouleversés

La fusillade contre des journalistes de «Charlie Hebdo» à Paris a bouleversé le Conseil fédéral et Simonetta Sommaruga personnellement.

05.01.2017 De courtes et sobres hommages, avec dépôts de gerbes et minutes de silence, ont eu lieu jeudi à Paris en mémoire des victimes des attentats de janvier 2015 contre l'hebdomadaire «Charlie Hebdo»...
...et le magasin Hyper Cacher, qui avaient fait 17 morts.
27.08.2016 Le beau-frère de l'un des auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo a été mis en examen pour «association de malfaiteurs terroriste en vue de préparation d'actes de terrorisme».
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05.01.2017 De courtes et sobres hommages, avec dépôts de gerbes et minutes de silence, ont eu lieu jeudi à Paris en mémoire des victimes des attentats de janvier 2015 contre l'hebdomadaire «Charlie Hebdo»...

AFP/Eric Feferberg

Au nom du Conseil fédéral, la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga a envoyé ses condoléances à la France. Quant aux éditeurs, journalistes et dessinateurs, ils craignent pour la liberté de la presse.

La fusillade a bouleversé le Conseil fédéral et Simonetta Sommaruga personnellement. Selon la présidente de la Confédération, cette attaque contre la liberté d'expression montre qu'il faut se battre par tous les moyens pour conserver ce droit fondamental.

Il n'existe pour l'instant pas d'indice d'une menace directe pour la Suisse. La Confédération compte poursuivre sa très bonne collaboration avec les autorités françaises. «Elle doit être très attentive car aucune société n'est à l'abri d'un tel événement», a relevé Mme Sommaruga devant la presse.

«Journée noire»

De leur côté, les éditeurs de journaux romands, regroupés au sein de Médias Suisses, parlent d'une «journée noire» pour la liberté de la presse et pour le rayonnement de la France. «S'en prendre à un journal est particulièrement lâche», a réagi peu après la fusillade Daniel Hammer, secrétaire général de l'organisation.

«Toucher à 'Charlie Hebdo' a une portée particulière». «C'est un mauvais signal donné à une valeur aussi centrale que la liberté de la presse, qui plus est en France». «Nous sommes abasourdis. Ce journal est décimé. Nous sommes en pensée avec les familles des victimes», a-t-il encore relevé.

Des condoléances également exprimées par les journalistes et caricaturistes suisses, réagit impressum. L'association condamne sans équivoque le massacre et réclame que ses auteurs soient sévèrement punis.

Choqué

«Tout le monde est choqué», a déclaré à l'ats Hanspeter Lebrument. Le président de l'association des éditeurs alémaniques Schweizer Medien se trouvait mercredi à Francfort en présence de plusieurs éditeurs européens.«On ne peut pas rester les bras croisés après une attaque pareille».

Hanspeter Lebrument discerne de nouveaux défis pour les médias. D'une part, il faut réfléchir à la sécurité des rédactions et si celle-ci est garantie. D'autre part, il est de plus en plus difficile pour les gens des médias de décrire les rapports entre la population indigène et les immigrés musulmans.

Du côté du Conseil suisse de la presse, son président Dominique von Burg se dit atterré que l'obscurantisme puisse en arriver là. «Un des biens les plus chers de la civilisation, la liberté d'expression, a été touché au coeur». A titre personnel, M. von Burg espère que les musulmans de Suisse ne vont pas souffrir de ce drame.

Emotion à Vigousse

«C'est une tristesse énorme qui m'envahit», a déclaré, en pleurs, Thierry Barrigue interrogé par l'ats. «(Les dessinateurs) Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, ce sont des amis. La dessinatrice Coco, qui travaille à «Charlie Hebdo» et à «Vigousse», est heureusement vivante. Elle s'est cachée sous un meuble».

«Charb était venu à Morges (VD) pour un débat sur la liberté de la presse, là aussi il était accompagné par un policier. Il se savait menacé. Il m'avait dit qu'il ne céderait jamais devant les menaces, qu'il continuerait son boulot pour la liberté d'expression», poursuit le directeur et rédacteur en chef de «Vigousse», le journal satirique romand basé à Lausanne.

En réaction à la fusillade, le journal a modifié sa couverture de l'édition à paraître jeudi: la Une est une page noire, meurtrie par la blessure rouge infligée par une balle.

Pour le directeur du journal satirique, ce ne sont pas les dessinateurs ou les journaux satiriques qui sont en péril: «Nos libertés fondamentales sont menacées. Ces gens-là sont morts pour que l'on puisse s'exprimer librement. Pour que nous puissions parler haut et fort. Sans ça, il n'y a pas de démocratie possible».

Pas se taire

Cette tuerie ne change donc rien pour Vigousse. «Nous continuons avec notre ton. Nous n'avons jamais reçu de menaces et pas demandé de protection policière. Les tueurs espèrent que l'on s'arrête, mais on ne peut pas leur donner ça. Ce serait trahir la mémoire de ceux qui sont morts», a conclu Thierry Barrigue, extrêmement affecté.

La Maison du dessin de presse à Morges (VD) est aussi sous le choc. Un hommage sera rendu prochainement aux quatre dessinateurs décédés mercredi, a annoncé la conservatrice Charlotte Contesse, «complètement bouleversée».

Conseil islamique choqué

Le Conseil Central Islamique Suisse (CCIS) se dit également choqué. Il «comprend le mécontentement répandu avec les provocations répétées du magazine satirique. Toutefois, cela ne justifie pas l'usage de la violence».

Des rassemblements de solidarité avec «Charlie Hebdo» et en mémoire des victimes étaient prévus en soirée notamment à Genève, Lausanne et Berne. (ats)

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