Les anabolisants gagnent les cours d'école

Pendant longtemps, les stéroïdes anabolisants ont été considérés comme des produits exclusivement réservés aux athlètes de haut niveau. Aujourd'hui, ces substances gagnent du terrain, notamment dans les centres de fitness. Une enquête du «Tages Anzeiger» révèle qu'en Suisse, beaucoup d'adolescents, en quête d'un corps parfait, raffolent de produits dopants.

Dans une enquête publiée il y a un an par la ville de Zurich, 74% des élèves du secondaire avaient déclaré qu'ils aimeraient être plus musclés. Selon le médecin sportif Walter O. Frey, ce culte du corps est principalement porté par les réseaux sociaux. «Beaucoup se comparent à leurs idoles et ont recours à la testostérone pour avoir, selon eux, une plastique idéale.»

Conscients de cette tendance, les trafiquants, souvent eux-mêmes bodybuildeurs, ne se tournent plus seulement vers les sportifs de haut niveau mais s'adressent également aux amateurs de fitness: «Ils se rendent aussi dans les écoles et les universités pour toucher les jeunes.»

Venant principalement des États-Unis, d'Europe de l'Est et d'Asie, les produits dopants font désormais partie d'un marché en pleine expansion. Les chiffres de la Fondation Antidoping, qui reçoit automatiquement toute saisie de la douane suisse, abondent en ce sens. Cette année, 650 cas ont été déclarés. En 2015, ce nombre était de 569. «La plupart de ces prises concernent la testostérone ou des variantes artificielles de celle-ci», explique le directeur de la Fondation, Ernst König. «Les hormones de croissance et les anti-oestrogènes sont également courants.»

Selon le procureur du canton d'Argovie, cette thématique est bien trop minimisée par la société: «Alors qu'ils consomment des stéroïdes causant de gros dommages à la santé, les jeunes adultes ont le sentiment de manger des bonbons.» «Les substances dopantes sont censées renforcer le corps, continue Walter O. Frey. Au lieu de cela, elles le détruisent de l'intérieur.» En plus des maladies mentales, les stéroïdes anabolisants peuvent causer des dommages au foie et engendrer la formation de caillots sanguins.

Afin de combattre ce fléau, le conseiller national PLR Marcel Dobler a demandé en septembre un durcissement de la loi au Conseil fédéral afin que des poursuites pénales soient engagées même lors des dopages à des fins personnelles. «Si ce genre de consommation devenait interdite, elle aura certainement un effet dissuasif, surtout sur les jeunes consommateurs», soutient Ernst König.