SuisseL'Etat savait que l'on manquerait de masques
La Suisse a dû acheter en urgence des grandes quantités de matériel médical pour faire face au coronavirus. Un rapport de 2016 indiquait déjà qu'il n'y avait pas assez de masques.

L'utilisation de masques est un bon moyen pour freiner la propagation du virus.
Keystone/Christian BeutlerEn cette période de crise, la gestion du matériel médical est essentielle. L'utilisation de masques est notamment un bon moyen pour freiner la propagation du nouveau coronavirus. Chaque pays tente d'en acquérir le plus possible. 92 tonnes de matériel sont d'ailleurs arrivées en Suisse le 6 avril dernier. Mais n'était-il pas possible de mieux anticiper cette situation de crise? Est-ce que la Suisse était suffisamment bien préparée?
C'est en tout cas ce que met en doute le «Tages-Anzeiger». Le journal explique que l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays (OFAE) ne s'est inquiété de la question des masques qu'à la fin du mois de janvier. Il a alors écrit une lettre aux différents hôpitaux afin qu'ils contrôlent la quantité de leurs stocks. Mais il était déjà très tard. La pandémie prenait de l'ampleur et la moitié de la planète était en quête de matériel de protection.
En conséquence, plusieurs hôpitaux suisses n'en avaient pas assez et il a été nécessaire de faire des achats d'urgence, à des prix onéreux. Le personnel médical a en outre dû utiliser un même masque plus longtemps que ce qui est recommandé. Comme l'explique l'article, ce manque de ressources était déjà connu depuis plusieurs années.
«Stocks insuffisants»
Fin 2014, un rapport de l'OFAE indiquait qu'il avait été chargé, avec l'Office fédéral de la santé publique, de garantir une réserve suffisante de masques. Afin de répondre à cette injonction, il a donc procédé à un inventaire.
Il s'est avéré que certains cantons n'avaient même pas un dixième du stock visé. D'après l'enquête, environ un tiers, soit 262 000 masques, manquaient pour atteindre les minimaux fixés. Fin 2016, les autorités ont publié un rapport indiquant que «les stocks de masques de protection pour l'éventualité d'une pandémie sont insuffisants».
Scénario inadapté
La Confédération a alors décidé de confier cette mission aux hôpitaux. Et cette injonction s'est transformée en simple recommandation. Ueli Haudenschild, membre de la direction de l'OFAE, a déclaré au journal que cette décision avait été prise pour des raisons financières. Ainsi, d'après le «Tages-Anzeiger», si les hôpitaux ont manqué de masques, c'est parce que l'Etat n'a pas pris ses responsabilités.
Toutefois, même si les réserves avaient été constituées, il n'est pas sûr que cela aurait suffit pour éviter un manque. Les calculs fixant le nombre minimal de masques requis étaient basés sur une pandémie de grippe. Dans ce scénario, un seul masque doit être porté pour le contact avec les patients atteints de la grippe. La réalité montre aujourd'hui que l'ensemble du personnel soignant porte des masques en permanence.