SkiLes stations suisses rallongent leurs pistes
Certaines stations de ski, en Suisse comme en Europe, n'hésitent pas à annoncer un nombre de kilomètres de pistes qui ne correspond pas à la réalité. Une étude révèle la supercherie.

Les pistes de ski ne sont pas aussi longues qu'annoncé.
Vous pensiez pouvoir skier sur 650 km de pistes sur le domaine franco-suisse des Portes-du-Soleil? Eh bien il n'en est rien. En réalité, ce ne sont que 425 km qui sont à disposition, soit une différence de +53%. Plus fort, les Quatre-Vallées franchissent allègrement les +151% de marge. Comment expliquer une telle différence?
Selon «Le Dauphiné libéré», une étude allemande révèle que les stations de ski, suisses comme européennes, augmentent artificiellement leur domaine. Pour parvenir à ce constat, le consultant Christoph Schrahe a passé «au moins mille heures» à prendre des mesures sur Google Earth.
Aussi étonnant que cela paraisse, cette surenchère est une pratique courante. Les stations suisses ne sont en effet pas les seules à gonfler leurs chiffres. En France également, on voit grand. Le site savoyard des 3-Vallées affiche 600 kilomètres, au lieu de 493 , soit 22% d'augmentation.
Les virages sont comptabilisés
Les stations interrogées manifestent leur embarras. Ainsi, les 4-Vallées comptabilisent des sites hors piste sécurisés. D'autres stations ne manquent pas d'imagination pour expliquer de telles différences. Au Grand-Massif, en Haute-Savoie, on précise qu'un skieur ne va pas en ligne droite et qu'il faut donc comptabiliser les zigzags. Le domaine n'hésite pas à aller plus loin, en donnant des chiffres précis. Ainsi, quand un skieur schusse, il parcourt 20 mètres, au lieu de 31,4 mètres lors de virages.
Bruno Huggler, responsable des marchés à Valais/Wallis Promotion, prend acte de l'étude, mais se veut prudent. «Nous faisons confiance aux chiffres communiqués par les stations de ski, mais nous exigeons qu'ils soient exacts», explique-t-il à «20 minutes». «Dans un premier temps, il faudra comparer les deux modes de calculs pour vérifier ces données et analyser les résultats. Nous nous fondons sur une communication juste et correcte envers nos clients. Il faut trouver où se situe la vérité.»
Mais cette surenchère soulève des questions. «Certains avocats pensent que cela pourrait être considéré comme de la publicité mensongère», juge Chris Gill, rédacteur du guide anglais «Where to Ski and Snowboard?»
L'Association autrichienne des remontées mécaniques a déjà décidé d'agir et a demandé à ses stations de ski de refaire leurs calculs.