Canton de BerneNidau voulait virer son imam haineux
Le prédicateur appelait à la violence contre des non-musulmans. Il vient de perdre son statut de réfugié et encourt désormais des sanctions, voire une expulsion.

Abu Ramadan a tenu à plusieurs reprises des prêches haineux à la mosquée
Saiful NangLe prédicateur de haine qui prêche à Bienne sème la discorde entre la commune de Nidau, où l'homme réside, et le canton de Berne. Les affaires sociales de Nidau avaient en effet demandé en 2012 au Secrétariat cantonal de la migration de retirer l'autorisation de séjour d'Abu Ramadan en raison des aides sociales que le Libyen touchait.
Les autorités cantonales avaient alors envoyé promener la commune, explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 24 août 2017. C'est surtout cette autorisation qui suscite de nombreuses questions car l'imam qui prêchait à la mosquée Ar-Rahman de Bienne est peu intégré, ne parle quasiment pas l'allemand ou le français en dépit d'un permis B délivré en 2001 déjà, un mois après sa demande.
Des voyages en Libye
Le prédicateur de haine a ensuite requis un permis C qu'il a obtenu très vite en octobre 2003. Peu après, l'imam demandait à percevoir l'aide sociale qui lui était accordée au début 2004. Il n'a depuis cette date jamais travaillé et il a touché jusqu'à présent près de 600'000 francs en aides sociales. Agé de 64 ans, le Libyen reçoit désormais l'AVS.
Venu en Suisse en 1998, Abu Ramadan a obtenu le statut de réfugié en 2001. Ce qui ne l'a pas empêché de voyager et de se rendre deux fois par an en Libye après la chute de Mouammar Kadhafi, comme il s'en vantait dans une vidéo. Or la loi suisse interdit aux réfugiés reconnus comme tel de se rendre dans leur pays d'origine.
Perte du statut de réfugié
Selon des sources libyennes à Tripoli, Abu Ramadan est allé à plusieurs reprises en Libye avec un passeport libyen ces quatre dernières années. Sans parler d'autres voyages à La Mecque et à Médine, où il a été pris en photo dans des hôtels de luxe. Le document a été émis par l'ambassade libyenne à Berne en 2013. Le Secrétariat cantonal aux migrations, qui aurait dû lui retirer depuis longtemps son statut de réfugié à la lumière de ces violations de la loi suisse, n'a pas voulu s'exprimer.
Une précision des autorités cantonales est toutefois tombée mercredi soir. Non pas du SEM mais de la direction de la police et des affaires militaires de Berne, qui a souligné que l'imam avait perdu son statut de réfugié au début août. Dès que cette décision sera effective, le canton examinera d'autres mesures contre le prédicateur de haine.
Sanction ou expulsion?
L'imam qui a appelé à la destruction de tous les ennemis de l'islam, dont les chrétiens, les juifs, les hindous, les Russes et les chiites, risque désormais de se faire expulser. A la plus grande joie du conseiller national Adrian Amstutz (UDC/BE). «Quiconque appelle à la haine ou à la violence doit se voir retirer tout de suite son permis de séjour et rayé des listes de l'aide sociale», déclare-t-il dans 20 Minuten.
Adrian Amstutz exige également que les individus comme cet imam libyen soit repéré et expulsé plus rapidement, même si la mort ou la torture l'attend dans son pays. Mais pas un mot sur les responsables UDC, tant à Bienne qu'à Nidau qui ont tardé à agir contre la propagande d'Abu Ramadan, souligne le Blick.
La partie est toutefois loin d'être gagnée pour les autorités. Comme le rappelle Ingrid Hess, porte-parole de la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS), «l'aide sociale ne dépend pas des opinions religieuses». Et si ce cas dérange la conseillère nationale Yvonne Feri (PS/AG), la membre de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique (CSSS) s'oppose toutefois à toute sanction. «A quoi cela servirait-il que ce genre de personnes finisse dans la rue?»