SondagePour 7% des jeunes, taper une femme est légitime
Selon une étude récente, un jeune homme sur treize juge la violence envers les femmes légitime. La religion et le pays d'origine jouent un rôle déterminant.

Un jeune homme interrogé sur treize estime que la violence envers les femmes au sein du foyer est légitime (Photo d'illustration).
La religion et le pays d'origine ont un impact considérable sur la façon dont un jeune homme perçoit la violence au sein de la famille, et plus particulièrement envers les femmes. C'est en tout cas ce que semble montrer une récente étude de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), relayée par l'Aargauer Zeitung. Ces observations s'inscrivent dans une recherche plus large sur la masculinité toxique, au cours de laquelle quelque 8300 jeunes âgés de 17 et 18 ans vivant dans 10 cantons ont été interrogés.
Les sondés devaient évaluer à quel point ils (dés)approuvaient les deux affirmations suivantes: «Quand une femme trompe son conjoint, il a le droit de la frapper» et «L'homme est le chef de la famille et peut, au besoin, faire usage de la violence pour s'imposer».
Résultat: un jeune homme interrogé sur treize (env. 7%) estime que la violence envers les femmes est justifiée, c'est-à-dire qu'il a approuvé les deux affirmations ci-dessus.
Religions et origines joueraient un rôle
Les chercheurs expliquent en outre avoir constaté un lien significatif entre la religion des sondés et leurs réponses au questionnaire. Ainsi, la proportion de jeunes hommes ayant approuvé les deux affirmations s'élève à un sondé sur cinq pour les musulmans et un sur quatorze pour les catholiques, contre un sur vingt pour les protestants et les non-croyants.
Pour l'auteur de l'étude, Dirk Baier, cette différence peut s'expliquer par l'attributions de rôle très clairs véhiculés par l'islam et le catholicisme: l'homme est dominant et le gagne-pain de la famille, tandis que la femme lui est subordonnée et s'occupe du foyer. Les hommes ont également le droit de recourir à la violence. Toujours selon l'auteur, «les personnes sans appartenance religieuse ont une perception de ces rôles de genre moins définie».
Le pays d'origine des sondés a également été identifié comme un facteur influent: ainsi, un jeune Suisse sur vingt a approuvé les deux affirmations ci-dessus, contre un sur cinq pour leur homologues originaires du Sri-Lanka, de Macédoine ou du Kosovo. Entre deux, on trouve les jeunes Allemands (5,4%), Français (6,3%), Portugais (9,1%) et Italiens (11,2%).
Enfin, les auteurs de l'étude ont constaté que le statut social (ici mesuré par le niveau d'éducation des parents et le recours à l'aide sociale) n'avait aucune influence sur les résultats, de même que la différenciation ville-campagne.
Échantillon
Au cours de l'étude sur la masculinité toxique réalisée par la ZHAW, un échantillon représentatif de 8300 jeunes, âgés de 17 et 18 ans et vivant dans 10 cantons, a été interrogé. La moitié des sondés sont des garçons. Les jeunes interrogés effectuent des parcours scolaires différents (apprentissage, gymnase, école supérieure de commerce ou formation de transition).