Braquages en Suisse romandeDébat sur la criminalité des régions frontalières
Les députés ont notamment évoqué les multiples braquages de transporteurs de fonds dans le canton de Vaud.
La criminalité dans les régions frontalières préoccupe les députés qui ont tenu mercredi un débat urgent sur la question. Pas question de s'alarmer cependant a précisé le Conseil fédéral qui rappelle que la criminalité a fortement baissé ces dernières années.
Les multiples braquages de transporteurs de fonds dans le canton de Vaud ont été au coeur de ce débat urgent. La résonance médiatique de certains actes délictueux choquants attise un sentiment d'insécurité dans la population, a estimé François Pointet (PVL/VD), qui a rappelé que la criminalité est en baisse en Suisse. Le Vaudois a toutefois demandé au Conseil fédéral d'être plus actif sur la question des attaques de convoyeurs de fonds dans son canton.
Ce type de braquage est assez récent, il s'inscrit dans une tendance des criminels à agir en bande très organisée et très bien équipée qui n'hésite pas à être violente, a précisé le conseiller fédéral Ueli Maurer. De nouvelles mesures sont nécessaires contre ce type de criminalité, cependant il faut saluer le travail de la police et des gardes-frontière qui ont fait fortement chuter le nombre de délit en Suisse ces dernières années, a expliqué le ministre des finances.
Une nouvelle attaque de transport de fonds s'est produite lundi dans le canton de Vaud. Un témoin a filmé la scène.
Régions frontalières plus touchées
Selon l'UDC, les infractions violentes se multiplient dans les régions frontalières. Céline Amaudruz (UDC/GE), qui avait déposé l'interpellation pour ce débat, a notamment donné des exemples récents de femmes agressées. Si vu de Berne cela pourrait relever du fait divers, pour les victimes il en va tout autrement, et il faut leur montrer que «nous ne nous en foutons pas», a plaidé la Genevoise.
Vers 3h du matin, un fourgon de transport de fonds a été pris d'assaut au niveau de la sortie d'autoroute de la Sarraz (VD). Trois véhicules auraient été calcinés.
L'Etat doit assumer sa tâche principale, à savoir assurer la sécurité des personnes et des biens, a-t-elle ajouté. La Confédération doit, en collaboration avec les cantons, assumer les responsabilités qui sont les siennes en matière de sécurité des frontières. L'UDC a évoqué la réintroduction temporaire du contrôle aux frontières et un soutien de la police militaire aux gardes-frontière.
Lundi soir, un malfrat a menacé d'une arme la caissière d'une épicerie, pour qu'elle lui remette la recette du jour. Mercredi, elle était encore sous le choc.
Pas l'apanage des populistes
Les députés du PDC et du PLR ont également fait part de leurs préoccupations, sans partager les conclusions de l'UDC. Ils demandent d'accorder les ressources nécessaires aux gardes-frontière et soulignent l'importance de la collaboration avec les pays voisins. Les questions de la sécurité aux frontières «ne doivent pas et ne peuvent plus être le seul apanage des partis populistes», a affirmé Vincent Maitre (PDC/GE).
Un hold-up a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi dans la zone industrielle d'En Budron, un an après des faits similaires exactement au même endroit.
La majorité des orateurs venaient des cantons de Genève, Vaud et du Tessin. Christian Lüscher (PLR/GE) a parlé de «véritable scène de guérilla urbaine», tandis qu'Olivier Feller (PLR/VD) s'est emporté contre l'inaction du Conseil fédéral pour protéger les transports de fonds. Il a notamment appelé à permettre de laisser rouler des véhicules lourds de nuit, considérant qu'il était plus important de protéger ces convois contre les attaques que la population contre le bruit que font ces véhicules.
Le Tessin fait également face à des attaques brutales contre des bancomats et des cambriolages en série, a affirmé Piero Marchesi (UDC/TI). Pour Marco Romano (PDC/TI), il ne sert à rien d'essayer de relativiser les faits, il faut agir. Dans les faits, la criminalité a baissé de manière importante au Tessin, a toutefois relativisé Greta Gysin (Verts/TI).
Manque de policiers
Il manque plus de 3000 policiers en Suisse, a estimé Pierre-Alain Fridez (PS/JU). Le Jurassien a appelé à débloquer les fonds nécessaires pour combler ce manque et assurer la sécurité de la population, plutôt que d'investir dans l'armée pour protéger les Suisses d'une invasion militaire de nos voisins.
Le Conseil fédéral oeuvre déjà à une série de mesures pour renforcer la sécurité aux frontières, notamment par la formation d'une partie du personnel des douanes pour qu'il puisse à l'avenir être déployé sur le terrain. Des mesures techniques seront aussi déployées aux poste frontières, comme des caméras et des systèmes d'alarme, a précisé Ueli Maurer. (nxp/ats)