Débat à BienneUn Vert peut-il prendre l'avion pour ses vacances?
Un politicien seelandais, qui milite pour les questions écologiques, a publié des photos d'un voyage en avion sur Facebook. Des questions sur sa crédibilité sont posées à droite.

Prêcher la bonne parole écologique, mais partir à l'autre bout du monde en vacances? Le débat est lancé à Bienne où Roland Gurtner, ancien parlementaire de la cité seelandaise, a été affiché par Reto Gugger, membre du conseil de ville sous la bannière du PBD, pour avoir diffusé sur son compte Facebook des images de ses voyages.
La controverse est partie d'une question simple de Reto Gugger postée sur les réseaux sociaux: «Quelle crédibilité accordez-vous à un homme politique qui écrit régulièrement des articles sur la protection de l'environnement et le réchauffement climatique, mais qui affiche ensuite avec diligence des photos de voyage au Chili et à l'île de Pâques?»
«Etre un bon modèle»
Comme l'écrit le «Bieler Tagblatt», de nombreux politiciens locaux sont intervenus dans le débat et se sont positionnés sur le cas en question. Mais qu'en pense le principal intéressé Roland Gurtner? «La discussion est assez mesquine. Je ne peux pas comprendre que des politiciens qui ne font rien pour l'environnement se baladent maintenant avec le bâton de pèlerin», estime l'ancien socialiste à nos collègues de «20 Minuten». Toutefois, il est clair pour lui qu'un politicien qui défend les valeurs écologiques doit donner le bon exemple.
Lui-même n'a plus de voiture depuis 35 ans et suit un régime strictement végétarien. «J'essaie de vivre selon mes convictions. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas faire d'exception», explique Roland Gurtner. En Europe, le parlementaire retraité voyage exclusivement en train. Mais s'il veut découvrir une nouvelle culture plus lointaine, ça ne serait guère possible. «De temps en temps, je prends donc la liberté de voler.»
Prêcher l'eau, boire du vin
«Cela devient problématique pour la crédibilité quand un politicien prêche l'eau et boit du vin. Cela signifie qu'il se comporte de manière contradictoire avec le message de son propre parti», explique le politologue Georg Lutz. On peut donc se demander à quel point il est intelligent pour un fervent défenseur du climat de mettre en avant ses voyages sur Facebook. «La proportionnalité est importante, explique Lutz. Si un politicien s'envole une fois au Chili en vacances, mais qu'il mène une vie respectueuse de l'environnement, qu'il est végétarien et n'a pas de voiture, ce n'est pas un énorme faux pas en terme de crédibilité.»
«Aucun d'entre nous, pas même un politicien, ne vit de manière cohérente et à cent pour cent de manière conforme à sa propre idéologie», estime Georg Lutz. «Par exemple, les socialistes ne paient pas volontairement plus d'impôts parce qu'ils veulent plus de justice fiscale», explique le politologue.
Dépendance à l'égard des combustibles fossiles
Pour Christian Imark, conseiller national UDC soleurois, il s'agit d'un phénomène bien connu. De gauche à droite, on dit souvent aux gens à quel point le changement climatique est grave et comment agir: «Au niveau fédéral, l'avion fait constamment l'objet de discussions. Cependant, les politiciens eux-mêmes volent régulièrement en avion, au prétexte que prendre le train prend beaucoup plus de temps. Comme si cela ne s'appliquait pas aux gens», explique l'agrarien.
Christian Imark trouve problématique de jeter ses propres principes par-dessus bord. «Cet exemple montre à quel point l'hystérie climatique est malhonnête. Que cela nous plaise ou non, l'homme continuera à être dépendant des combustibles fossiles encore longtemps.»