Élections fédéralesLes plateformes d'aide aux électeurs se multiplient
Les sites internet proposant des rankings de candidats se sont multipliés en vue des prochaines élections. Leur utilité en est d'autant plus réduite.

Si les candidats aux élections sont nombreux, les sites voulant orienter nos choix aussi.
SiphotographyDu patronat aux défenseurs du climat, en passant par les passionnés du numérique ou les antispécistes, il y en a pour tous les goûts. Dans le cadre de la campagne pour les élections fédérales du 20 octobre, de nombreuses plateformes web proposent des rankings de candidats, afin de faciliter le choix des électeurs.
«Il faut néanmoins distinguer, d'une part, les sites généralistes comme Smartvote ou Vimentis, et, de l'autre, ceux qui défendent des centres d'intérêts bien précis. Les premiers peuvent s'avérer utiles, les seconds beaucoup moins», explique le politologue Georg Lutz, de l'Université de Lausanne.
Le phénomène n'est pas nouveau, mais jamais auparavant il n'avait eu une telle ampleur. «Ces dernières semaines, j'ai reçu une grosse vingtaine de questionnaires, sans compter ceux en allemand dont je n'ai pas fait cas. Et je vais sûrement en recevoir encore. Mais je n'ai répondu qu'à six ou sept d'entre eux, ceux qui étaient compatibles avec la ligne de mon parti. Car, pour les autres, soit je mentais, soit je me serais retrouvé dans les bas fonds du classement. Ce qui n'a, bien entendu, aucun intérêt», explique le Fribourgeois Roland Mesot, candidat UDC au National et un habitué des campagnes électorales.
«Pas d'impact sans les médias»
Pour Georg Lutz, cette multiplication des plateformes est contre-productive. «Plus il y en a, moins c'est intéressant. Les gens ne vont pas prendre le temps de les consulter toutes. Dès lors, chacun ira voir celle dont il partage les intérêts. Mais cela ne servira, au mieux, qu'à départager des candidats qui, de toute façon, défendent forcément ces groupes d'intérêts. Quant aux généralistes, elles se retrouvent noyées dans la masse. En fait, ces sites n'ont d'impact que dans la mesure où les médias traditionnels les mettent en lumière», estime le professeur.
Le socialiste Jean-Christophe Schwaab se montre d'ailleurs très critique envers Smartvote et Vimentis. «Ces sites revendiquent leur objectivité. Mais ils sont bien plus subjectifs qu'il n'y paraît. Sur Smartvote, par exemple, de nombreuses questions concernent l'environnement, ce qui avantage les PS et les Verts. Quant à Vimentis, il donne plus d'importance aux questions sécuritaire et de migration. Dès lors le PLR et l'UDC sont favorisés.»
Jean-Christophe Schwaab souligne en outre que certaines questions d'actualité font cruellement défaut dans les questionnaires, notamment sur le harcèlement sexuel ou les accords avec Mercosur. En revanche, on s'attarde sur des points tels que l'éducation ou la petite-enfance, qui sont exclusivement du ressort des cantons. Autrement dit, ce sont des sujets qui ne seront pratiquement pas abordés sous la coupole fédérale.
Plus de 1000 propositions pour 75 questions
Pour Dylan Jaton, collaborateur de smartvote, les plateformes web apparues ces dernières années ne portent pas préjudice à la sienne, dans la mesure où elles ne poursuivent pas les mêmes buts et ne s'adressent pas aux mêmes personnes. Pour autant que la qualité et la transparence soient assurées. Dans le cas contraire, elle peuvent en effet nuire à l'ensemble des plateformes. Quant à la conception du questionnaire, il explique que: «Smartvote reçoit un grand nombre de propositions et notre équipe essaye de sélectionner les 75 questions les plus pertinentes. Pour 2019, ce sont plus d'un millier de propositions qui nous ont été adressées.»