«Je suis comme un portable qui se décharge»

Actualisé

Vaud«Je suis comme un portable qui se décharge»

La vie d'une Vaudoise a basculé après une attaque AVC en 2004. Elle et son mari témoignent à l'occasion de la journée des proches aidants célébrée le 30 octobre.

Pierre et Mireille, un couple de la Vallée de Joux (VD) qui a appris à se construire en dépit du handicap invisible dont a été victime la femme en 2004.

Pierre et Mireille, un couple de la Vallée de Joux (VD) qui a appris à se construire en dépit du handicap invisible dont a été victime la femme en 2004.

Il y a des dates marquantes qui laissent une empreinte indélébile dans la mémoire. Pour Mireille, 60 ans, il y a un avant et un après 20 avril 2004. Cette nuit-là, l'infirmière de la Vallée de Joux a eu une attaque AVC qui a changé la trajectoire de sa vie. D'emblée, les médecins lui avaient dit: «ça ne sera plus comme avant». Les faits leur donneront raison. En témoigne, cette remarque de la fille de Mireille: «C'est ma mère qui est partie à l'hôpital, c'est une autre femme qui en est revenue.»

Santé délicate et finances réduites

Passionnée de plongée sous-marine, membre d'une chorale et avec un réseau social dense, la maman qui s'occupait seule de deux ados a eu «de la peine à accepter le changement de cap».

La maladie n'a pas eu de séquelles visibles sur elle. Mais de l'intérieur, que de changements chez Mireille! Vertiges, maux de tête, acouphènes, concentration défaillante et fatigue quasi permanente sont devenus son lot quotidien. Sans compter l'autre partie du parcours du combattant: se résoudre à devoir solliciter l'assurance-invalidité, composer avec des finances réduites dans un contexte de santé délicate.

Handicap invisible mal appréhendé

Deux ans après le choc, en 2006, elle rencontre Pierre. Son futur mari. Une bouffée d'air notamment dans la gestion administrative et les taches ménagères. En douze ans de vie commune, Pierre a appris à composer avec les sorties annulées à la dernière minute, les programmes chamboulés, le caractère précaire des agendas. «Je suis attentif à ce que les choses se fassent au rythme de mon épouse, sans aucune pression», soutient l'éducateur à la retraite. «Quand quelqu'un est en chaise roulante, on voit ses difficultés. Ma femme, elle, est considérée par certains comme une glandeuse. Le public a de la peine à appréhender le handicap invisible», poursuit celui qui est aussi animateur des groupes de paroles pour les personnes cérébro-lésées au sein de l'association Fragile Suisse.

Souvent fatiguée, trop souvent à son goût, l'ex-superwoman Mireille a appris à accepter et à vivre avec son handicap. «Je suis comme un téléphone portable qui se décharge très vite. Mais ce qui compte pour moi, c'est que j'écoute mon corps», philosophe-t-elle.

(apn)

Ton opinion