Armée SuisseDes déchets de tir qui jonchent la montagne
Avec la fonte des neiges, les restes de projectiles de l'armée refont surface autour des chemins de randonnée. Ils représentent un vrai danger, et traînent parfois en zones classées.
Le rappel n'est pas inutile pour les randonneurs qui s'apprêtent à profiter des chemins de montagne cet été: leur loisir n'est pas sans danger. Outre les risques liés à l'alpinisme, ils doivent aussi compter avec les restrictions d'accès liées aux exercices de tirs, et avec les ratés et autres rebuts de munition de l'armée.
Ne pas toucher, marquer et signaler
Dans la zone du Mont d'Or, entre Leysin et Les Mosses (VD), l'exemple est flagrant: deux heures de balade suffisent à découvrir une multitude de déchets, en pleine nature comme aux abords des sentiers. Difficile, en plus, pour un œil averti de distinguer le débris inerte de la fusée non explosée. Mais ça et là, des panneaux rappellent les règles.
«Il est impératif, pour un non spécialiste, de ne jamais toucher ces restes», met en garde Delphine Allemand, porte-parole de l'Armée suisse. La procédure correcte consiste à signaler l'emplacement au moyen d'un drapeau artisanal, et d'appeler le 117 ou de passer par l'application d'annonce. Une récompense de 100 fr. est à la clé pour les ratés qui auraient risqué d'exploser.
Quant à la nature, l'armée ne s'en formalise guère. «Il s'agit d'une zone de tir, c'est pourquoi une concentration de déchets est normale. Les tirs du printemps arrivent dans la neige, et réapparaissent lors de la fonte des neiges. En été et à la fin des périodes de service, des nettoyages ont lieu avec les troupes, à part en terrain difficile où ce sont des spécialistes qui interviennent.»
Nature pourtant protégée
Fer de lance de la lutte pour la protection de la nature, Mountain Wilderness regrette toutefois que le ramassage ne soit pas systématique, et rappelle en outre qu'ils sont de moins en moins fréquents. Selon la statistique 2018 de la Centrale d'annonce des ratés, en effet, on passe d'une vingtaine d'actions de ratissage par an autour de 2010, à seulement 4 par an ces deux dernières années. En cause, explique Delphine Allemand, la disponibilité des troupes et des hélicoptères pour les déplacer, mais aussi la météo et enfin la taille de l'armée en général, qui recule.
Mountain Wilderness ajoute que l'intégralité de la zone de tir de L'Hongrin, où se trouve le Mont d'Or, est classé dans l'Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels. «Le risque pour la faune, dont les biotopes sont de plus en plus sous pression, est élevé», regrette Maren Kern, membre de Mountain Wilderness.
Consulter les calendriers des zones de tir
Les randonneurs doivent renseigner sur les lieux dans lesquels ils souhaitent aller se balader, informe Delphine Allemand. Plusieurs endroits prisés des marcheurs sont en effet des zones de tir, et peuvent être actives. Des panneaux l'indiquent, mais la responsabilité revient aussi aux promeneurs, enjoints à aller consulter les calendriers d'occupation de ces zones. Ils figurent notamment en ligne sur le site de l'armée. A L'Hongrin, par exemple, les lieux sont interdits à peu près tous les jours de semaine durant l'été dans en tout cas la moitié de la zone, de 7h30 à 23h.