LausanneLa descente aux enfers d'un avocat délinquant
Un avocat a comparu lundi pour s'être enfui avec l'argent appartenant aux pupilles dont il devait gérer les intérêts.

L'affaire a été jugée lundi par le tribunal correctionnel de Lausanne.
Keystone«Mon comportement est à vomir. J'ai trahi mes clients et mes pupilles. J'ai été lâche et irresponsable. Je me suis entêté. Je pensais m'en sortir seul. J'ai franchi la ligne rouge.» Serge*, 42 ans, n'a pas été indulgent avec lui-même, lundi, devant le tribunal correctionnel de Lausanne.
Etudiant brillant puis avocat dès 2004, l'homme avait un avenir tout tracé. Mais il a tout gâché et vit aujourd'hui de l'aide sociale. Il se retrouve seul comme quand il était enfant et que ses parents l'ont rejeté. Cet épisode aurait d'ailleurs pu le mener très tôt à la délinquance. Mais son opiniâtreté a payé.
Besoin de briller
C'est ensuite qu'il a éprouvé le besoin de briller. Voyages luxueux, cadeaux, voiture de prestige... les charges s'alourdissaient et l'argent ne rentrait plus aussi aisément qu'avant son séjour de trois ans aux Etats-Unis.
De 2015 à 2017, l'homme a alors puisé sur les comptes des pupilles âgées, confiées à lui par l'Etat. Dénoncé, il a fui avec 150'000 dollars en Floride. Ses confrères lui ont conseillé de revenir se constituer prisonnier. Il a été accueilli par la police à sa descente d'avion en juin 2017 et a passé quatre jours en zone carcérale.
Encore 450'000 francs à rembourser
«Vous me faites pitié», a tenu à lui dire l'une des victimes qu'il était censé soutenir. Serge a tout admis. Il n'a pas cherché à allonger la procédure. Il lui reste 300'000 francs de dettes de ses années fastes. Et encore 150'000 francs qu'il devra rembourser au Canton. En effet, ce sont les contribuables qui paient les pots cassés car l'Etat est responsable des dérives de ses curateurs.
Pour cette soif de réussite sociale, la procureure Hélène Rappaz a soutenu l'abus de confiance qualifié et a réclamé 30 mois de prison, dont 6 mois ferme. «Il est déjà en prison», a rétorqué l'avocat du prévenu, Me Jacques Michod, en plaidant une peine de 24 mois avec sursis. Le jugement sera rendu jeudi.
*prénom d'emprunt