Sainte-Croix (VD)Le Tribunal cantonal valide le projet d'éoliennes
Les juges ont estimé qu'il fallait promouvoir le besoin en énergie plutôt que le paysage, dans le dossier des éoliennes de Sainte-Croix (VD).

Une vue depuis Sainte-Croix (VD).
KeystoneLe Tribunal cantonal valide le projet éolien de Sainte-Croix (VD). Dans leur arrêt, les juges ont écarté toute une série d'arguments mis en avant par les opposants concernant essentiellement l'avifaune et le bruit des mâts.
Le Tribunal a repris stricto sensu la nouvelle loi sur l'énergie (la Stratégie énergétique 2050 acceptée par le peuple en 2017). Celle-ci prévoit une pesée d'intérêt entre le besoin en énergie renouvelable et le besoin de protection du paysage et de l'environnement, a expliqué samedi à l'ats Jean-Marc Blanc de Paysage Libre-Vaud. Il revenait sur une information publiée par 24 Heures.
Oiseaux nicheurs
«Nous sommes en train d'analyser cet arrêt qui fera probablement l'objet d'un recours au TF. Par rapport au jugement précédent, la balance des intérêts est très en faveur de l'encouragement à l'éolien», constate Nina Capel, avocate avec Me Jean-Claude Perroud de l'ensemble des opposants privés et associatifs.
«Nous sommes déçus de cette défaite d'étape. Nous pensions honnêtement que sur l'avifaune, nous avions des points très forts, car ce parc pose un vrai problème pour les oiseaux nicheurs. Le tribunal met lui l'accent sur les oiseaux migrateurs. C'est ce qui nous a étonnés», a poursuivi l'avocate.
Menace pour le grand tétras
La Cour de droit administratif et public n'a pas pris en compte les espèces menacées que le parc va impacter, a renchéri François Turrian, directeur romand de Birdlife Suisse, auteur de l'un des deux recours avec Helvetia Nostra. «Trois des six éoliennes prévues empiètent sur le territoire prioritaire pour le grand tétras, alors qu'un plan national protège cet oiseau le plus menacé de Suisse.»
«Le Tribunal prend pour argent comptant les propositions de l'Etat qui sont à notre avis insuffisantes. Les machines empiètent sur des habitats qui devraient être exempts de toute implantation industrielle.»
Lacunes reconnues
Les juges ont néanmoins reconnu des lacunes sur la migration des oiseaux. Le parc devra être muni d'un radar qui permette de couper les machines en cas de fortes migrations. Une technologie qui ne détecte que les groupes de petits oiseaux en déplacement mais pas les oiseaux locaux, ni les rapaces, déplore François Turrian.
Selon lui, la pesée d'intérêt entre énergie renouvelable et environnement doit intervenir dans un second temps. Il faut tout d'abord que la loi sur la protection de la nature soit respectée.
Trop près des habitations
Indépendamment des atteintes à la faune et au paysage, les juges ont également balayé les études sur les sons effectuées par les opposants, estime Paysage-Libre Vaud, qui ne fait pas partie des opposants directs. «Ce qui nous préoccupe, c'est que ce parc sera très près de l'hôpital de Sainte-Croix, à 600 mètres. C'est vraiment problématique de mettre les éoliennes près des habitations», a relevé Jean-Marc Blanc.
Un avis partagé par Nina Capel. C'est un vieux projet qui existait déjà lorsque le canton a élaboré sa stratégie, a ajouté Nina Capel. Il a déjà fait l'objet d'un premier renvoi au tribunal en 2015. Des carences graves avaient alors été constatées dans les rapports d'impact sur l'environnement. (nxp/ats)