CoronavirusLes hôpitaux se battent contre les vols de masques
Un peu partout, des masques disparaissaient sans raison. Des mesures ont été prises pour préserver cette denrée devenue rare.

La peur peut pousser les êtres humains à faire des choses qu'ils ne feraient pas en d'autres circonstances. Comme dérober des masques dans les hôpitaux. Avant l'arrivée du coronavirus en Suisse, ce matériel ne faisait pas l'objet d'une surveillance particulière. D'ailleurs, la plupart du temps, ils étaient laissés en libre-service, pour le personnel soignant ou les patients présentant des symptômes grippaux.
Mais, dès les premiers signes de pandémie et la crainte d'une pénurie, ce matériel de protection a commencé à disparaître en grandes quantités, tant les masques chirurgicaux que ceux à haut pouvoir filtrant (ffp2). «Au début du mois de mars, les stocks se sont vidés plus rapidement que les semaines précédentes, représentant environ 30% de plus de consommation. Des cartons étaient parfois vidés en quelques minutes», explique Nicolas de Saussure, porte-parole des Hôpitaux universitaires de Genève.
Le même phénomène s'est produit à l'Hôpital Riviera-Chablais, confirme Sandra Blank, secrétaire générale: «Nous avons constaté une diminution importante des stocks de masques et de solution hydroalcoolique. Il est possible que cela soit dû à des vols, commis soit par le personnel soit par les visiteurs.» En effet, si le premier réflexe des hôpitaux a été d'enlever les boîtes à disposition des patients, force est de constater que cela n'a pas suffi. Les soignants eux-mêmes se servaient trop souvent, et pas forcément uniquement pour un usage professionnel.
«Vouloir protéger ses proches, c'est humain»
«C'est finalement assez humain, commente Jeannette Portmann, porte-parole de l'Hôpital fribourgeois. Les soignants, plus encore que les autres, feraient tout pour protéger leurs proches.» Ainsi, certains ont donné des masques à leurs parents âgés, ou en portaient à la maison après leur journée de travail.
Parfois, les «disparitions» n'étaient pas des vols. Les masques étaient, par précaution, déplacés à des endroits inhabituels. «Au début de la pandémie, certains services ont probablement stocké des masques directement à leur étage», avance Joakim Faiss, porte-parole de l'Hôpital du Valais.
Mesures de contrôle parfois drastiques
D'autres mesures ont dès lors été prises: réduction du nombre de personnes habilitées à commander des masques, rappel des bonnes pratiques, mises sous clé voire carrément des fouilles. «Un agent de sécurité contrôle à présent les sacs du personnel à la sortie et nous constatons que les disparitions de matériel ont stoppé», note Sandra Blank, de l'Hôpital Riviera-Chablais.
Mais bien sûr, tout cela ne serait pas nécessaire, si les structures n'étaient pas confrontées à une crainte de rupture de stocks. «Comme l'ensemble des hôpitaux, nous souffrons d'une certaine pénurie, qui n'est pas encore critique. La disponibilité des masques reste toutefois faible et nous invitons notre personnel à en faire une utilisation parcimonieuse lorsqu'ils ne sont pas indispensables», résume Joakim Faiss, de l'Hôpital du Valais.