LausanneUne réunion d'Extinction Rebellion fait débat
Malaise sur la location d'une salle communale à des manifestants pour la désobéissance civile qui étaient ensuite allés bloquer un pont.

Le 20 septembre, une centaine de militants d'Extinction Rebellion avaient préparé le blocage d'un pont dans la Maison de quartier sous-gare.
apn«La désobéissance civile doit-elle être subventionnée?» C'est par cette interpellation urgente que Matthieu Carrel, chef de groupe PLR au Conseil communal (législatif), a lancé le débat la semaine passée. En ligne de mire, le fait qu'une Maison de quartier avait accepté de louer une salle au collectif militant Extinction Rebellion (XR) le 20 septembre dernier. Peu après, ses membres s'étaient rendus sur le Pont Bessières pour empêcher toute circulation sur cet axe du centre ville, de manière non-autorisée. Le but: attirer de manière pacifique l'attention sur l'état d'urgence et pousser les autorités à agir en faveur du climat.
Pour les élus de droite, le fait qu'une Maison de quartier dépende de la Fondation pour l'animation socioculturelle en ville (FASL), elle-même financée à 99% par de l'argent public, pose problème: «les autorités lausannoises sont incohérentes en acceptant d'accueillir des chantres de la désobéissance civile, estime Matthieu Carrel, surtout quand ceux-ci s'apprêtent à mener une action qui va déranger la population et mobiliser la police communale une bonne partie de la journée». Pour le Conseiller municipal d'extrême gauche, David Payot, les Maisons de quartier doivent bénéficier d'une certaine liberté dans le choix des associations qu'elles accueillent, sans logique d'exclusion.
Le droit de réunion invoqué
Présidente des Maisons de quartier et employée de la Ville, Marlène Voutat (Ensemble à gauche) a estimé que la manifestation non-autorisée du 20 septembre dernier n'était pas partie à proprement parler de la salle communale louée, et le comité qui gère la location de salles ne sait pas ce qu'il se dit lors de ces réunions. «XR n'anime-t-il pas à sa façon, originale et ludique, les affaires socio-culturelles de la Ville?», a-t-elle ajouté. Pierre Conscience (Ensemble à gauche/SolidaritéS) demande, lui, s'il s'agit en fait de combattre le droit même de XR à pouvoir se réunir.
Au final, la résolution demandant à ce que la Municipalité prenne les «mesures nécessaires pour éviter que des manifestations non-autorisées se tiennent dans des salles» de la commune a été balayée par la majorité de gauche.
Un blocage musclé
Une centaine de militants du collectif s'étaient réunis dans la Maison de quartier sous-gare, le 20 septembre dernier. Ils y ont tenu un briefing en vue d'une action de désobéissance civile d'envergure, menée deux heures plus tard sur le Pont Bessières. Les jeunes étaient sortis de la salle par petits groupes, afin de de ne pas attirer l'attention. Sur place, 200 activistes avaient bloqué l'accès au pont, en prétendant pouvoir y rester plusieurs jours. Après un round d'observation de plusieurs heures, la police a finalement délogé le collectif de force. Vingt individus ont été dénoncés.