Grève du climatTrois mois top chrono pour organiser tout le sommet
Des centaines de sandwichs véganes à tartiner, une caserne à réquisitionner, des parents à rassurer: l'organisation du sommet des grévistes du climat, «Smile for Future», est un sacré projet pour des militants en herbe.

Un engagement commun rassemble en tout cas tous les jeunes ayant fait le déplacement: l'envie de sauver la planète.
Keystone/Jean-christophe BottIls ont reçu le feu vert il y a seulement trois mois, lorsque Lausanne a été choisie parmi d'autres villes pour être la capitale des grèves du climat cet été. «Du coup, forcément, on a encore quelques petits soucis d'organisation», concède Sleny, Vaudois de 18 ans chargé de la logistique. Mais globalement, le résultat est impressionnant: le sommet SMILE accueille 450 jeunes venus de toute l'Europe et a été organisé uniquement par des militants encore adolescents.
Trouver de quoi manger et dormir
Les grévistes ont un toit, soit celui des casernes du centre de recrutement à la Pontaise, soit celui de la guest-house bientôt détruite sous la gare, ainsi que quelques familles d'accueil. Un coup de main de la Ville et du Canton a bien-sûr aidé (lire encadré). Les grévistes ont aussi des repas, intégralement véganes et en partie «freegan», c'est à dire composé d'invendus, notamment fournis par Migros.
«Ils reçoivent environ 100kg de marchandises par jour de notre part, principalement fruits et légumes, boulangerie et viennoiseries, précise Caroline Verdan, porte-parole de Migros Vaud. Ils doivent donc trouver des recettes en fonction de ce qu'ils reçoivent, ce qui est un gros challenge écologique.» Une équipe de bénévoles assistés de deux cuisiniers professionnels salariés donne ensuite forme à tout cela dans les cuisines de la «Banane», la cafétéria principale de l'Unil, non sans quelques soucis d'organisation. «C'est beaucoup de travail mais ils gèrent hyper bien», assure Sleny.
Prochaine tâche sur leur planche: la confection des centaines de sandwiches du pic-nic prévu pour l'après-midi touristique des grévistes, mercredi, qui visiteront musées et centre-ville, avant de découvrir le bord du lac à Vidy. Des centaines de sandwiches devront sortir de cette usine amateure.
Mineurs bien entourés
Question budget, les participants ne payent que leur billet de train, et encore: celui-ci devrait leur être défrayé. Pour financer le sommet, seulement des dons, et un crowdfunding, pour que tout le monde puisse se le permettre. Les transports publics à Lausanne sont gratuits pour la semaine, comme pour tout touriste qui passe une nuit dans la ville.
De nombreux mineurs se retrouvent à des centaines de kilomètres de chez eux cette semaine. Pas question pour les organisateurs d'empiéter sur la liberté de leurs camarades, mais un majeur a été désigné répondant des mineurs dans chaque délégation et un couvre-feu a tout de même été demandé par le SPJ vaudois. Pour les questions d'alcool, liées notamment à la fête du dernier soir, les badges des participants montrent clairement qui est majeur, et qui ne l'est pas.
De lundi à vendredi, plus de 450 jeunes se réunissent à l'Université de Lausanne à l'enseigne de Smile For Future. Issus de 38 pays, ils veulent notamment cadrer la suite de leurs actions contre le dérèglement climatique.
Soutien précieux de la part des autorités
Les organisateurs, s'attaquaient presque tous pour la première fois à ce type d'événement. Ils ont toutefois eu le soutien de la Ville, du Canton et de l'Université, qui les ont guidés et appuyés. «Mais c'est leur projet, et je suis admiratif de leur boulot, note Tanguy Ausloos, délégué à la jeunesse pour Lausanne. La Ville les soutient en tant que mouvement de jeunes, mais aussi dans leur engagement. Ils sont indépendants, ne sont pas manipulés pour un sou, et c'est ce qui fait leur force.»
Ce soutien agace certains élus de droite. «Je suis de marbre face à la Gretamania», ironise Valentin Christe, chef de groupe du PLC, qui s'interroge sur l'empreinte carbone du sommet. Du côté de l'UDC, peu surpris par le soutien de la Ville on croit revoir des accents de mai 68. Au PLR, on préfère demander des actes concrets.
Coaching et partage avec des vétérans
Des invités de marque sont intervenus lors du sommet hier, pour échanger sur les idées et les méthodes du mouvement. Parmi eux, Rupert Read, figure d'Extinction Rebellion (XR) en Angleterre. «Nous avons discuté philo, politique, éthique... et aussi comment coopérer. Les grévistes ont créé quelque chose d'admirable, il font de leur mieux et le font très bien. C'est émouvant de voir ces jeunes se battre pour leur futur et tenter d'interrompre les adultes pour leur faire prendre conscience de l'urgence.»
Retrouvez l'interview complète de Rupert Read à la fin de la semaine sur notre site et notre app.