Colis piégés et chantage auprès de Patek: «Pourquoi nous?»

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Affaire des colis piégés (GE)«Pourquoi nous?» Un haut cadre de Patek sort du silence

Les employés, attaqués par un maître chanteur depuis avril, sont très inquiets. La sécurité a été augmentée. Il est impossible de savoir si la société a payé.

Le 25 novembre, un dispositif piégé explosait dans une boîte à lait au chemin de la Petite-Boissière, à Grange-Canal, blessant grièvement la fille, âgée de 12 ans, d'un employé de Patek Philippe.

Le 25 novembre, un dispositif piégé explosait dans une boîte à lait au chemin de la Petite-Boissière, à Grange-Canal, blessant grièvement la fille, âgée de 12 ans, d'un employé de Patek Philippe.

20min/lhu

Un mois. Voici exactement un mois que le maître chanteur, qui réclame 24 millions de francs à Patek Philippe et pose des dispositifs piégés à Genève depuis avril dernier, n’a pas donné signe de vie. Le 11 février, la société avait reçu une lettre dans laquelle il assurait que l’appât du gain constituait son seul mobile, et que les violences cesseraient dès qu’il serait payé. Il y allongeait son ultimatum initial et proposait un paiement dans une autre cryptomonnaie que le Monero, précédemment exigé. Depuis, plus rien. Selon nos informations, l’auteur n’a pas repris contact avec la manufacture horlogère, ni déposé la moindre bombe.

Un renoncement cadre mal avec le profil esquissé par les enquêteurs. Une cavale est envisageable, s’il pense avoir été repéré; une hospitalisation ou une arrestation pour un tout autre motif aussi. Ou serait-il imaginable qu’un accord avec Patek ait été trouvé et que le paiement de la rançon soit en cours? Toujours est-il que cette apparente accalmie ne rassure pas le personnel, directement visé par les précédentes attaques et très inquiet. Pour la première fois, un haut cadre de Patek Philippe, qui tient à conserver l’anonymat, a accepté de s’exprimer.

Pour quelle raison l’auteur vise-t-il Patek Philippe, selon vous?

Je l’ignore. Les auteurs se disent motivés par l’argent. Certes, notre entreprise se porte bien, mais elle n’est pas la seule à Genève. Alors pourquoi nous en particulier? A ma connaissance, Patek n’a de contentieux avec personne qui pourrait justifier de telles violences. Les relations entre la direction et le personnel me semblent bonnes. On ne peut pas reprocher à Patek de quelconques positions partisanes ou politiques. C’est un mystère.

Quelle est l’ambiance dans l'entreprise?

Tout le monde est très préoccupé par ces événements, indigné par de telles méthodes, mais surtout affligé pour les personnes qui ont été blessées, ainsi que pour leurs proches, auxquels chacun exprime tout son soutien. Nous ressentons bien que le bien-être et la sécurité des employés de Patek semblent être une priorité pour la direction.

Comment le personnel vit-il cette situation?

Les esprits sont marqués. Le sujet est sur toutes les lèvres, c’est compréhensible. Les gens ne comprennent pas et sont inquiets. Je trouve que mes équipes font preuve d’une résilience extraordinaire.

Des mesures ont-elles été prises à l’interne?

Des mesures pour rassurer le personnel et garantir sa sécurité ont été mises en place. Le dispositif de sécurité a été augmenté sur le site, mais le détail ne nous a pas été communiqué. Des conseils ou des recommandations sont également prodigués aux employés. Un soutien leur est offert et la direction répond à toutes les sollicitations.

Comment la collaboration avec la police se passe-t-elle?

Selon ce qu’on nous a dit, la direction collabore autant que possible, mais n’est pas tenue informée des éventuelles avancées de l’enquête, et c’est sans doute mieux ainsi. Il est vrai que certains ont été parfois assaillis par les doutes, mais je crois que nous n’avons pas d’autre choix que de faire confiance. Pour chacun d’entre nous, l’essentiel, c’est que des innocents ne soient plus victimes de violences aveugles.

Patek entend-elle céder au chantage?

Je pense que la politique communément admise est de ne pas céder au chantage, puisque cela serait extrêmement dommageable d’encourager de tels agissements, pour la marque, mais également pour toutes les entreprises de la place. D’autre part, ne pas s’engager à résoudre une crise par une solution négociée mettrait clairement des vies en jeu, et cela n’est pas tolérable non plus. Je pense que nous ne connaîtrons jamais la vérité.

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