L’actrice belge Emilie Dequenne est décédée à 43 ans

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Carnet noirL’actrice belge Emilie Dequenne est morte à 43 ans

Atteinte d'un cancer rare, l’actrice s'est éteinte ce dimanche soir, dans un hôpital près de Paris.

La dernière interview poignante de l'actrice en décembre dernier.

Emilie Dequenne n’était qu’une adolescente lorsqu’elle a décroché un prix à Cannes pour «Rosetta» (1999), son premier rôle, avant de devenir une actrice prolifique au jeu subtil qui avait dû mettre sa carrière en pause à cause d’un cancer rare.

La Belge de 43 ans, qui avait révélé en octobre 2023 être atteinte d’un corticosurrénalome (cancer du système endocrinien), est décédée dimanche en début de soirée à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif (banlieue parisienne).

Elle avait annoncé en août 2024 devoir «se concentrer à nouveau sur (sa) santé» et annuler ses obligations.

Emilie Dequenne, au Festival de Cannes, le 27 mai 2022.

Emilie Dequenne, au Festival de Cannes, le 27 mai 2022.

AFP

«En plus, je combats des crabes»

La comédienne était apparue sur le tapis rouge au Festival de Cannes quelques mois plus tôt, souriante, les cheveux courts et fins à cause de son traitement, pour les 25 ans de «Rosetta» des frères Dardenne et pour présenter son dernier film au titre symbolique, «Survivre».

«En plus, je combats des crabes. Et j’ai tourné ça en octobre-novembre 2022!», un an avant de tomber malade, avait-elle plaisanté à propos de ce film catastrophe.

Depuis le diagnostic, elle s’était mise en retrait après une carrière riche de près de 50 films, dont «La fille du RER», «À perdre la raison», «Pas son genre» ou «Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait», qui lui a valu un César du meilleur second rôle en 2021.

Premier prix d’interprétation à Cannes à 18 ans

Dire que les choses sont allées vite pour Emilie Dequenne est un euphémisme.

«À deux ans, je parlais comme une adulte. À huit, maman me mettait dans un cours de théâtre parce que je chantais sur les tables», racontait celle qui a passé ses premières années dans la province belge du Hainaut, où «il fallait faire 25 kilomètres pour aller voir un film».

Première audition, premier rôle, premier prix d’interprétation à Cannes pour «Rosetta», qui reçoit la Palme d’or. Le tout à 18 ans. Deux ans plus tard, elle donnait naissance à sa fille Milla.

«J’ai reçu une éducation ouvrière»

Pas étonnant pour qui connaissait cette jeune femme aux joues rondes, «fonceuse», «déterminée», née le 29 août 1981. «Comme disait ma mère quand j’étais petite: «Tu ferais mourir les autres pour arriver à tes fins»», racontait l’intéressée.

L’actrice, qui a grandi dans un milieu modeste, savait d’où elle venait et aimait le rappeler. «J’ai reçu une éducation ouvrière, dans le respect du travail bien fait», assurait-elle.

Celle qui était la compagne de l’acteur Michel Ferracci disait aussi ne pas aimer «les différences sociales ou culturelles».

Éviter l’écueil de rester abonnée à des rôles sociaux

«J’ai été élevée dans une famille où on mettait tout le monde au même niveau, tous des rois!», expliquait-elle à la sortie de «Pas son genre» (2014), où elle campait une coiffeuse provinciale amoureuse d’un prof de philo parisien. Une histoire d’amour mise en scène par son compatriote Lucas Belvaux, qui louait son «empathie» et sa «proximité avec le personnage».

Encore fallait-il éviter l’écueil de rester abonnée à des rôles sociaux, comme celui de Rosetta, jeune fille rebelle qui perd son travail à l’usine. Emilie Dequenne s’y est employée.

Et ce dès son deuxième film, «Le Pacte des loups» (2001), un thriller d’époque à gros budget où elle est comtesse au côté de Vincent Cassel et Monica Bellucci.

«Je change de tête à chaque fois»

Pour André Téchiné, en 2009, elle devient Jeanne dans «La fille du RER», jeune femme se disant victime d’une agression antisémite dans un train de banlieue, mais qui a tout inventé.

Trois ans plus tard, son interprétation est saluée pour le rôle d’une mère infanticide dans «À perdre la raison», au côté de Tahar Rahim et Niels Arestrup. Réalisé par son compatriote Joachim Lafosse, le film est là encore inspiré d’un fait divers et lui vaut son deuxième prix à Cannes dans la section Un certain regard.

«Je ne veux pas être cataloguée dans un genre, je change de tête à chaque fois», expliquait l’actrice qui a campé une grande bourgeoise malheureuse en amour dans «Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait» (2020) d’Emmanuel Mouret.

(afp)

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