Drogues de synthèseLa Suisse court après les nouvelles substances et en interdit dix
Swissmedic a ajouté dix composés chimiques utilisés comme substances psychoactives à sa liste des produits interdits. De nouvelles formules apparaissent sans cesse.

Les nouvelles substances psychoactives inquiètent les gouvernements, débordés par les innovations sur le marché noir.
Getty Images/iStockphotoSi cette drogue est interdite, alors fabriquons-en une nouvelle qui lui est chimiquement proche et qui échappera aux interdictions. Voilà l’un des mécanismes après lequel courent les États dans le marché mondial des drogues de synthèse. Lundi, Swissmedic a ajouté dix nouvelles substances à sa liste des produits interdits. «Ça permettra de lutter efficacement contre la multiplication des nouvelles drogues de synthèse sur le marché noir, et, de ce fait, contre la consommation de ces substances potentiellement dangereuses pour la santé», explique Swissmedic.
Dans la liste, on trouve des cannabinoïdes de synthèse (molécules qui imitent les effets du THC), mais aussi, par exemple, le dérivé, aujourd’hui utilisé comme drogue récréative, d’un médicament de la classe des benzodiazépines (anxiolytiques), créé à la base en Union soviétique. On y trouve aussi un produit proche du LSD, destiné à remplacer un autre composé utilisé comme drogue, lui-même interdit depuis.
Exceptions médicales
Swissmedic rappelle que de nouvelles substances arrivent sans cesse sur le marché. «On ne sait ni comment elles interagissent avec d’autres substances, ni si et dans quelle mesure elles entraînent une dépendance. On ne connaît pas non plus leur degré de toxicité en cas de consommation répétée», note l’institut, qui rappelle que, depuis décembre 2011, 287 substances individuelles et quinze groupes de substances ont été interdits.
On parle d’un usage privé. «Si une substance est utilisée à des fins médicales, scientifiques ou industrielles, celle-ci peut faire l’objet d’une exception», note toutefois Swissmedic. Il arrive aussi que certains produits deviennent interdits après avoir été commercialisés de façon tout à fait ouverte. Ainsi, au printemps, Swissmedic avait ajouté le HHC, proche du cannabis, à sa liste. En Suisse, des vendeurs en ligne avaient dû renoncer à sa vente.
Le marché submerge les États
Comme le notait Addiction Suisse dans un dossier publié en ligne sur la thématique, les États ont changé d’approche pour légiférer. «Auparavant, la logique voulait qu’une nouvelle substance soit interdite lorsqu’elle était dangereuse et, inversement, qu’elle ne le soit pas si elle n’était pas nocive», écrivait l’organisation. Les substances devaient donc être testées. «Ce système, qui peinait déjà à suivre les évolutions du marché, a été submergé par l’ampleur et la rapidité du phénomène des nouvelles substances psychoactives. Plusieurs pays européens ont même adopté des législations qui interdisent d’emblée toute substance psychoactive pouvant remplacer celles déjà interdites», ajoute Addiction Suisse.
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