Droits de douane américains: L'Allemagne appelle à une riposte ferme de l'UE

Le gouvernement allemand a appelé, jeudi, l’Union européenne, à apporter une «réponse ferme» à l’augmentation des droits de douane américains sur les automobiles annoncée la veille par le président Donald Trump.

«Il doit être clair que nous ne nous inclinerons pas devant les États-Unis», a déclaré dans un communiqué, le ministre de l’Économie et vice-chancelier, Robert Habeck, alors que l’important secteur automobile allemand va être touché de plein fouet par ces mesures. L’UE doit faire preuve de «force et de confiance en elle» face à Washington, a-t-il ajouté.

L’Allemagne aidera Bruxelles à négocier avec les États-Unis pour éviter «une spirale tarifaire», a poursuivi M. Habeck. L’augmentation des droits de douane «affectera les chaînes d’approvisionnement mondiales et rendra également les voitures américaines plus chères», a-t-il prévenu.

Les 25% de droits de douanes supplémentaires «représentent une charge considérable pour les entreprises et les chaînes d’approvisionnement mondiales» de l’industrie automobile, «avec des conséquences négatives, notamment pour les consommateurs, y compris en Amérique du Nord», a estimé de son côté la Fédération des constructeurs automobiles allemands dans un communiqué (VDA).

«Les conséquences se feront sentir sur la croissance et la prospérité de tous les côtés», a ajouté la VDA, appelant les États-Unis et l’Union européenne (UE) à entrer rapidement en négociations pour trouver une «approche plus équilibrée». «Le risque d’un conflit commercial mondial» est «élevé de tous côtés», ajoute le communiqué.

Les nouvelles taxes s’appliqueront à «toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis», à partir du 2 avril, a assuré mercredi le président américain. Le taux jusqu’ici appliqué était de 2,5%. Cela signifie que les voitures importées seront désormais taxées à 27,5% de leur valeur.

Les constructeurs allemands possèdent des usines aux États-Unis, mais la plupart de leurs modèles haut de gamme sont exportés d’Allemagne ou d’Europe de l’Est. Les marques haut de gamme Audi et Porsche, du groupe Volkswagen, fabriquent tous leurs modèles hors des Etats-Unis.

De son côté, le constructeur allemand BMW a déjà évalué mi-mars l’impact de la hausse des droits de douane américains et des taxes de l’UE sur les véhicules produits en Chine à un milliard d’euros en 2025. Tout comme Mercedes, le groupe exporte des berlines depuis l’Europe, mais il possède également des usines locales où il fabrique des SUV, modèles chouchous des Américains, comme le BMW X5 ou le Mercedes GLE.

Les marques devraient donc échapper en partie aux droits de douane pour leurs ventes aux États-Unis, mais l’exportation de ces SUV vers d’autres pays devrait devenir moins rentable, si ceux-ci décidaient de répliquer en augmentant leurs taxes. Les constructeurs allemands ont fait état d’une baisse de leurs bénéfices en 2024, plombées par la chute de leurs ventes en Chine et par la hausse des coûts.

Les constructeurs et équipementiers automobiles reculaient fortement jeudi sur les Bourses européennes dans les premiers échanges, au lendemain de l’annonce de Donald Trump d’imposer 25% de droits de douane supplémentaires sur les automobiles fabriquées hors des États-Unis.

À la Bourse de Francfort, qui compte de nombreuses entreprises du secteur, Porsche perdait 4,30%, Mercedes 4,31, BMW 4,09%, Daimler 3,18% et Continental 2,71%. À Paris, Stellantis reculait de 6,12%, Valeo 5,65% et Forvia 5,42%.