«La police nous a encerclés durant notre sommeil, puis menottés!»

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Evacuation Uni de Genève«La police nous a encerclés durant notre sommeil, puis menottés!»

Alors que les occupants du hall d'Uni-Mail ont été provisoirement arrêtés tôt mardi matin, des étudiants des Hautes écoles genevoises se sont installés à l'HEPIA.

Lundi soir, vers 22h30, les occupants s'attendaient à une intervention de la police.
Ils avaient prévu de quitter les lieux de leur plein gré dès la première sommation. Mais ils n'en ont pas eu l'occasion.
Une soixantaine de personnes ont été arrêtées. Elles ont toutes été libérées quelques heures plus tard.
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Lundi soir, vers 22h30, les occupants s'attendaient à une intervention de la police.

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Une occupation s'achève. Une autre voit le jour. Alors que les étudiants installés dans le hall d'Uni-mail depuis près d'une semaine, en soutien à Gaza, ont été évacués mardi aux aurores, les Hautes écoles genevoises (HES-SO) ont rejoint le mouvement. La Coordination étudiante pour la Palestine des HES-SO (CEP HES-SO) a annoncé qu'une occupation de l'HEPIA (Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture) avait débuté ce jour, à 10h.

Cette annonce est intervenue lors d'un rassemblement, mardi matin, devant Uni-Mail. A cette occasion, les occupants de l'Université de Genève ont fait le point sur les événements survenus durant la nuit.

Une soixantaine de personnes arrêtées

«Vers 5h du matin, 25 policiers en civil sont discrètement entrés dans le hall. Ils nous ont encerclés alors qu'on dormait, puis nous ont menottés un par un», raconte une occupante. Une soixantaine de personnes ont été arrêtées et emmenées à l'hôtel de police de la Gravière. Cette intervention fait suite au dépôt de plainte pénale du rectorat pour violation de domicile, après que les étudiants ont refusé de se plier à un ultimatum.

«Il n'y a eu aucune sommation»

Ce scénario, les étudiants ne l'avaient pas envisagé. «La veille, on avait pris une décision collective: quitter les lieux dès la première demande de la police. Mais là, ils ne nous ont même pas donné cette occasion. Il n'y a eu aucune sommation. Les directives étaient claires: embarquer tout le monde», regrette une étudiante de la CEP Unige.

«Comment expliquer une réponse aussi répressive?»

«Le plus stressant a été de voir 25 policiers avec le visage caché autour de nous. J'ai pas compris!», témoigne une membre de la CEP. «Samedi, la rectrice disait qu'elle ferait appel aux forces de l'ordre en dernier recours, 48h plus tard, elle a donné le feu vert. Nous sommes un mouvement pacifique, comment expliquer une réponse aussi répressive alors qu'il n'y a jamais eu de violence de notre côté?», questionne une étudiante.

Occupants libérés

Le Ministère public indique que «la police a provisoirement arrêté les personnes qui occupaient les locaux de l'université, dans le cadre de ses prérogatives en cas de flagrant délit». Celles-ci ont été auditionnées, puis soit libérées, soit mises à disposition du Parquet.

Durant la matinée, les occupants ont progressivement été libérés. Peu après midi, l'ensemble des personnes interpellées ont été relâchées. Celles-ci espèrent que la plainte du rectorat sera retirée.

Usage des menottes jugé disproportionné

L'usage des menottes a été vivement critiqué lors du rassemblement. Une assistante doctorante en droit a indiqué que son utilisation était «totalement disproportionnée. Les étudiants ne représentaient aucun danger!».

Pour l'avocate Laïla Batou, «L'usage des menottes n'était pas nécessaire. Il est humiliant et criminalisant. Dès lors que le rectorat a choisi de faire intervenir la police, c'est à cela qu'il expose des étudiantes et étudiants qui demandaient un débat. Le chef d'accusation de violation de domicile est assez grave et peut aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement, même si concrètement les peines seront plutôt de l'ordre de 30 à 60 jours-amende avec sursis, ce qui reste problématique car elles figurent au casier judiciaire.»

Selon elle, il faudrait également que «le rectorat clarifie le fait que sa plainte n'empêche pas les étudiantes et étudiants concernés de retourner dans le bâtiment, notamment pour y suivre les cours.» «La réponse est sans équivoque! Ces personnes sont évidemment les bienvenues à l'Unige et peuvent continuer d'accéder à ses locaux normalement», assure Marco Cattaneo, chargé de communication de l'alma mater.

La mobilisation continue

Bien que l'occupation soit terminée à Uni-Mail, «la mobilisation va se poursuivre sous une forme qui reste à définir», souligne la CEP Unige. A l'instar de l'HEPIA, le mouvement a également pris de l'ampleur dans d'autres institutions en Suisse.

La police intervient à l'HEPIA

Les forces de l’ordre sont intervenues peu après 14h30 à l’HEPIA, indique un communiqué. La directrice de la Haute école avait adressé une lettre formelle à la hiérarchie de la police afin de faire évacuer les individus qui occupaient les lieux. Un échange verbal a eu lieu entre la police et les manifestants qui sont partis «librement et dans le calme».

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