Danny Khezzar«Genève a un fort potentiel encore peu exploité»
Le chef du Bayview pense que la cité de Calvin pourrait faire plus sur le plan de la gastronomie, le côté festif et animations. La Ville dresse un tout autre bilan.

Le chef Danny Khezzar dans les cuisines de son restaurant étoilé Le Bayview.
20min/Gabriel NistaDepuis la salle du Bayview, à Genève, le chef Danny Khezzar a vue sur la rade. Seul bémol: une route sépare le restaurant du quai. Or, le rêve du jeune homme, finaliste de l'émission «Top chef», c'est que les Genevois et les touristes puissent manger des filets de perche les pieds dans l'eau. «Il y a vraiment quelque chose à faire, surtout sur les quais. Il y a encore trop peu de spots au bord du lac.» A ses yeux, le «potentiel de Genève est énorme» et encore «trop peu exploité». Son objectif: mettre sa notoriété et son dynamisme au service de la ville. «Mon but c'est d'aider à mettre en place des projets.»
Loin de se contenter du Bayview, Danny Khezzar s'investit dans d'autres grandes villes. Il vient notamment d'ouvrir un restaurant à Paris. «Les gens adorent sortir à Paris. Les brasseries vivent toute la journée. Il y a une vraie clientèle qui profite des nombreux aménagements, comme Paris plage.» Est-ce à dire que les Genevois, eux, n'aiment pas faire la fête? «Bien sûr que si! Mais il y a peut-être un peu moins cette dynamique. Cela dit, il y a aussi beaucoup moins de gens qu'à Paris. Ce n'est pas tout à fait comparable.»
Des restaurants festifs
En tant que rappeur, le jeune homme a aussi un regard sur le monde de la nuit à Genève. Relevant que les gens sortent de moins en moins en boîte, il explique: «Ce qui se fait de plus en plus, ce sont les restaurants festifs. Le concept cartonne dans les grandes villes comme Paris, Dubaï ou encore au Maroc. A Genève, il manque ce type de lieux qui mélangent cuisine et musique live par exemple.»
Un festival de food à Palexpo
Parmi les pistes évoquées par le chef pour animer la cité: la création d'un festival de food. A l'image du Taste of Paris. Durant quatre jours, le Grand Palais accueille des chefs et le public vient goûter. Un concept que Danny Khezzar voudrait reproduire à Genève. «On donne un prix fixe, par exemple, pas plus de 15 francs. Et toutes les enseignes, de la pizzeria au Ritz ou au président Wilson, proposent des plats sur des stands.» Une façon pour les restaurateurs de faire découvrir leur univers à un large public. Pour ce projet, le chef collabore avec Palexpo. «Cela pourrait se mettre en place pour 2026.»
Reste que, plusieurs restaurateurs et propriétaires de bars affirment avoir le sentiment qu'on leur met des bâtons dans les roues, notamment avec la fermeture des terrasses à minuit en semaine. Qu'en pense Danny Khezzar? «J'entends en effet ces critiques. Peut-être qu'il y a des choses à améliorer au niveau politique. Nous, on est dans nos cuisines, ce n'est pas notre registre.» Et d'ajouter: «Après, est-ce que la Ville le veut? C'est une bonne question. Nous, les restaurateurs, on serait prêt à suivre, à faire des choses sympas.»
Ayant pu constater l'impact de sa notoriété au Bayview, Danny Khezzar rêve d'une Genève où les touristes se pressent. «A l'étranger, peu de gens sont déjà venus visiter Genève pour Genève. Ils sont passés pour le travail ou parce qu'ils avaient de la famille, il y a moyen de faire de Genève une destination en soi, notamment gastronomique et festive.»
Une rade «très animée» selon la Ville
Des voix s'élèvent régulièrement dans le monde de la restauration et de la nuit, appuyées par certains politiques, pour déplorer le fait que Genève serait «une ville morte». «C'est objectivement faux!» clame-t-on au Département de la sécurité et des sports. Il n'y a «sans doute jamais eu autant d’animations et d’activités autour de la Rade», insiste le porte-parole, Cédric Waelti. Et de citer: Feu Ô Lac (plus de 800'000 personnes à l'ascension en 2023); GenèveGenève (200'000 spectateurs pour Eléments); le marché de Noël (450'000 personnes); la Canopée en été et la Banquise l'hiver; Geneva Lux et les buvettes.
«Très peu de villes suisses possèdent une telle offre, poursuit-il. Et il n’y a jamais eu autant de monde dans les hôtels.» Genève Tourisme confirme. «Tout ce qui peut permettre d'augmenter l'attractivité, notamment en été, est le bienvenu», souligne le directeur Adrien Genier, saluant l'engagement d'«ambassadeurs» tel que Danny Khezzar. Et de conclure: «Genève est déjà une destination en soi, y compris pour le tourisme de loisirs. Mais, on peut toujours faire mieux!»