GenèveHome-jackings: 9 ans et demi de prison requis contre le «cerveau»
Accusés d'avoir participé à deux brigandages, cinq prévenus comparaissent depuis lundi devant le Tribunal correctionnel. La procureure a demandé de la prison ferme.

Le procès a débuté ce lundi au Tribunal correctionnel de Genève.
LUCIEN FORTUNATI«Il est le seul lien, le seul à avoir pu prendre les clés et à avoir les informations.» Aux yeux de la procureure Sophie Brocco, le plus âgé des cinq prévenus, un Franco-Portugais de 56 ans est le cerveau du home-jacking perpétré à Plainpalais le 3 mai 2021. Selon elle, il est aussi «à l'origine, à l'initiative» du violent brigandage dans une villa de Cartigny le 8 février 2023. Sur le banc des accusés, le quinquagénaire aux cheveux gominés et vêtu d'une chemise blanche n'a pas bronché en entendant le sévère réquisitoire prononcé à son encontre. La procureure a demandé qu'il soit condamné à neuf ans et demi de prison ferme (sous déduction de la détention effectuée avant jugement), assortie d'une expulsion du territoire suisse de 15 ans.
«Le type jovial, sympa, prêt à rendre service»
Au fil du procès qui s'est ouvert lundi devant le Tribunal correctionnel de Genève, le rôle du Franco-Portugais s'est peu à peu dessiné. Pour la procureure comme pour les parties plaignantes, il est le personnage central des deux affaires. En apparence, «c'est le type jovial, sympa, prêt à rendre service», a souligné Sophie Brocco. Il était le meilleur ami de la mère du jeune homme attaqué à Plainpalais. De quoi lui permettre de récupérer un jeu de clés de l'appartement. Mais aussi d'avoir les informations concernant les 12'000 francs conservés dans une boîte à chaussures par le jeune homme.
«Quand il a eu ses 18 ans, mon fils a voulu retirer son argent à la banque pour partir en Thaïlande, a expliqué sa mère en audience. Il a gardé cet argent dans sa chambre. J'étais très fâchée qu'il ait fermé son compte. Evidemment mon cher ami (ndlr, le prévenu de 56 ans) était au courant.» Et d'ajouter que le quinquagénaire était «la seule et unique personne» à venir chez elle. Les enquêteurs ont d'ailleurs relevé ses empreintes sur les boîtes à bijoux rangées dans le dressing de la mère et dont les cambrioleurs connaissaient l'existence.
«Je suis complètement foutue»
Idem pour le home-jacking de Cartigny. Le Franco-Portugais était employé dans un hôtel appartenant au propriétaire de la villa, âgé de 86 ans au moment des faits. Pour la procureure, le quinquagénaire «a fomenté son plan et a formé une équipe». Lors de son réquisitoire, elle est revenue sur le «déchaînement de violence qui fait froid dans le dos». L'octogénaire a lui-même raconté: «On m'a sauté dessus. Ils m'ont tellement tapé que je suis tombé. Ils m'ont tenu par les cheveux et frappé ma tête contre le sol.»
Le calvaire du couple a duré près de deux heures. Les cambrioleurs sont allés jusqu'à leur entailler l'oreille avec des ciseaux. «Je me suis vu mort», a expliqué l'octogénaire. «Depuis que cela s'est passé, je ne suis plus jamais ressortie. Je suis complètement foutue», a indiqué sa compagne, alors âgée de 78 ans, aux enquêteurs durant l'instruction, incapable de venir au procès.
De 5 ans à 9 ans et demi de prison requis
A l'encontre des autres prévenus, la procureure a requis: 7 ans et demi et 7 ans contre les deux frères originaires de Vaulx-en-Velin (F), pistés par les chiens policiers et arrêtés non loin de la villa dans la foulée du home-jacking de Cartigny. Elle a demandé 5 ans contre le prévenu accusé d'avoir perpétré le brigandage de Plainpalais. Et 8 ans et demi contre le Tunisien, qui aurait recruté les Lyonnais et participé aux attaques. Contrairement aux autres, ce dernier a admis une partie importante des faits. De quoi se faire traiter de «balance» et être l'objet de menaces. A noter que deux autres hommes soupçonnés d'avoir pris part au cambriolage de Cartigny seront jugés en France.
Au Tribunal correctionnel de Genève, l'audience se poursuit avec les plaidoiries des avocats des parties plaignantes et de la défense. Le verdict sera prononcé lundi.