GenèveLes bars exigent l’ouverture des terrasses jusqu’à 2 h
Les commerces ont transmis une pétition à la Ville. Fermer à minuit en semaine les excède. La Municipalité n'entend pas assouplir son règlement.

Les bars souhaitent pouvoir ouvrir tous les jours jusqu'à 2 heures du matin durant la saison d'été, et pas seulement le week-end, comme c'est le cas depuis juin 2022.
Getty Images«Si 700 signatures ne suffisent pas, nous en fournirons 7000!» La Fédération des bars, qui en regroupe quelque 300, tape du poing sur la table: elle réclame que les terrasses ouvrent jusqu’à 2 h tous les jours en été; depuis juin 2022, la limite a été reculée en Ville de Genève à minuit du dimanche au jeudi. Une pétition a été transmise mardi à la conseillère administrative Marie Barbey-Chappuis. Elle met l’accent sur l’emploi, avançant que la fermeture à minuit en a coûté «des centaines», et sur l’animation. «Nous exigeons une Ville de Genève vivante!»
Vice-président de la fédération précitée, Stéphane Détruche expose en particulier que ses membres sont «très attachés au jeudi, soir de forte fréquentation, parfois plus importante que le samedi». Le lobby a dégainé une pétition, car il juge que la magistrate lui «ferme complètement la porte». Il entend de la sorte faire contrepoids aux doléances des riverains, que l'élue rappelle fréquemment pour justifier le tour de vis de 2022.
«Les célibataires s'ennuient»
Le Groupement professionnel des restaurateurs et des hôteliers (GPRH) juge aussi que ces horaires ont «un impact sur l’attractivité en général de la Ville» à l'étranger. «OK, il y a de bons salaires, mais les célibataires s’ennuient», évalue Anthony Castrilli, son président. Il estime que l’animation, «c’est aussi nous, pas que la Canopée (ndlr: une terrasse d’été gérée par la Ville au bord du lac). A Londres, à Paris, ils ne disent pas: "c’est sympa Genève, il y a la Canopée."» Le GPRH désire «un équilibre» entre la protection des habitants et les velléités festives d'une partie de la population.
L'épouvantail des horaires zurichois
Que Marie Barbey-Chappuis cite souvent Zurich, où les terrasses ferment à 22h, l’inquiète. «On vit avec une épée de Damoclès sur la tête: dans ce cas, ce seraient non seulement les bars, mais aussi les restaurants qui seraient touchés.» Sur ce point, l’élue rassure. «Genève n’a pas l’intention de s’aligner sur Zurich», assure Cédric Waelti, le porte-parole de son département. En revanche, aucun assouplissement n’est envisagé. «Nous pensons qu’il y a un intérêt public à maintenir ces horaires.»
Depuis 2022, chute des doléances pour le bruit
Car si les terrasses ferment à minuit en semaine, «les bars peuvent continuer à vendre à l’intérieur». Surtout, les horaires actuels sont «le fruit d’un compromis» pour tenir compte des riverains. «Ils ont été discutés et acceptés par la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers, la principale faîtière de la branche, qui représente aussi les bars». Et de noter que «depuis 2022, les doléances pour le bruit ont baissé de 60%».
Le patron des cafetiers marche sur un fil
Patron de la société des cafetiers, Laurent Terlinchamp juge «très difficile de trouver un compromis satisfaisant». Pour lui, l'actuel «permet d’entendre une partie de la population en préservant le commerce, alors que la loi fédérale stipule clairement que les gens ont le droit au calme dès 22h. Il y a des procédures judiciaires pendantes.» Dès lors, s’il «respecte l’intérêt des bars», il n’entend pas monter au créneau, «surtout en période d’élections». D'autant que «l’approche agressive n’a rien amené jusqu’à présent». «Mais je travaille. Nous ferons le point avec la Ville après les élections, sur les horaires et les animations». Toutefois, un autre dossier l'inquiète plus. «Genève va être éventrée durant des années (ndlr: à cause de travaux thermiques). Je ne sais pas si les horaires resteront le plus grand problème.»