GenèveTransition de genre: la chirurgie est réservée aux majeurs
Depuis 2015, une centaine de jeunes ont consulté les HUG pour des questions liées à leur identité de genre. Comment cela se passe-t-il? Quelles sont les règles?

Les HUG font quelques opérations du torse par année et pas de chirurgie génitale.
Getty ImagesC’est à 13 ans que C., né fille, a déclaré à ses parents qu’il était un garçon. Le processus de transition entamé, les parents ont émis des doutes. L'affaire est devenue judiciaire et l'ado a été placé en foyer. Au-delà de ce cas, quid des consultations liées aux dysphories de genre (détresse d'une personne dont l’identité de genre n'est pas en accord avec le sexe assigné à la naissance)? Les HUG respectent des règles précises. Le diagnostic ne peut être posé qu’après un suivi multidisciplinaire – au moins trois médecins de trois spécialités – de plusieurs mois. Depuis 2015, moins d’une centaine de jeunes (de 11 à 18 ans), dont la majorité a plus de 16 ans, ont consulté les HUG sur ces questions.
Bloqueurs de puberté sous condition
Si la personne demande à effectuer une transition médicale avant la puberté (vers 10-12 ans), aucun traitement n'est proposé. Ce n'est qu'alors que les HUG peuvent prescrire des bloqueurs de puberté et ce, indique le service communication, uniquement «si cela est médicalement adapté pour la personne, si c’est sa demande, si elle dispose de sa pleine capacité de discernement et de l’accord de ses parents, si un diagnostic de dysphorie de genre est effectué et que la pesée entre les risques et les bénéfices est favorable. Et, seulement après validation par un comité médical dédié, le Comité interdisciplinaire des diversités de genre des HUG (CIDG)».
Le traitement hormonal féminisant ou masculinisant peut être prescrit mais au plus tôt à 16 ans, sous les mêmes conditions. Enfin, les chirurgies sont réservées aux personnes majeures et peuvent être effectuées aux HUG si elles répondent aux critères médicaux. «Cela correspond à quelques opérations du torse par année. Les HUG ne font pas de chirurgie génitale.»
Accord des parents pour les mineurs
En pédiatrie et en médecine de l’adolescence, «la priorité est de favoriser le dialogue entre l’enfant et ses parents et de les aider à trouver une position qui soutienne le devenir du jeune», soulignent les HUG. L'accord des parents est nécessaire pour débuter tout traitement de transition médicale chez les mineurs. Ces exigences sont plus strictes que le cadre légal. Ce dernier s'appuie sur la capacité de discernement et non sur un âge pour l’autodétermination.
Pas d'âge pour la capacité de discernement
Du point de vue légal en Suisse, il n'y a pas d'âge pour déterminer la capacité de discernement, explique Samia Hurst, professeure d'éthique biomédicale à la Faculté de médecine de Genève. «Tout acte médical nécessite le consentement du patient. Pour cela, la personne doit être libre et éclairée et être capable de discernement. Mais, pas forcément être majeure.» Selon les individus, cette capacité intervient vers 12-13 ans ou 15-16 ans.
Dans le cas d'un traitement hormonal ou d'une chirurgie liée à la dysphorie de genre, la capacité de discernement est un critère essentiel pour l'autodétermination. Il s'agit de savoir si le patient est apte à faire le choix. La Commission nationale d'éthique travaille en ce moment sur une prise de position concernant la prise en charge des transitions pour les personnes mineures.