Déodorant sur tout le corps: déconseillé par les dermatos

L'été dernier, la tournée «Sweat» (sueur) de Charli XCX n'a échappé à personne. En dehors des fans de l'artiste, qui trépignaient d'impatience à l'idée de pouvoir admirer leur idole sur scène, Dove était tout aussi impatient. Le fabricant de produits cosmétiques a profité du concert de Los Angeles pour faire la promotion de son déodorant. Il est censé débarrasser les aisselles, les cuisses, le ventre et même les parties intimes des mauvaises odeurs de transpiration.

Dove n'est pas le premier fabricant à commercialiser un déodorant pour tout le corps. Pour autant, ce type de produit n'est toujours pas disponible en Suisse à l'heure actuelle. En attendant, nous avons enquêté sur son intérêt auprès d'une dermatologue.

Les déodorants et les anti-transpirants, dont les sels d'aluminium bloquent la transpiration, sont généralement appliqués ou vaporisés sous les aisselles, où se trouvent les glandes sudoripares dites apocrines. «Celles-ci produisent une sueur riche en lipides dont la décomposition par les bactéries présentes sur la peau génère une odeur désagréable», explique la Dre Marianne Meli, dermatologue. Les autres glandes sudoripares du corps, en revanche, produisent une sueur aqueuse, qui est inodore. Pour la spécialiste, l'utilisation de déodorant pour tout le corps n'a, par conséquent, aucun sens.

On trouve également des glandes sudoripares apocrines au niveau de l'aine, c'est-à-dire autour des parties génitales. Cela dit, la dermatologue déconseille vivement d'utiliser du déodorant dans cette zone dont la peau est particulièrement sensible. «Cela risquerait, par ailleurs, de perturber le pH de la flore vaginale et de multiplier les risques d'infection», souligne-t-elle.

La dermatologue est par ailleurs défavorable à l'utilisation de produits contenant de l'aluminium, qui bloquent la production de sueur. «La sueur régule la température du corps, protège la peau et aide à éliminer les toxines. Elle a donc une fonction non négligeable», dit-elle.

Sans compter que les déodorants contenant des sels d'aluminium sont généralement plus irritants pour la peau que les autres. «Si le but est simplement de sentir bon, il est préférable de miser sur une lotion corporelle parfumée qui aura simultanément un effet hydratant. En revanche, il vaut mieux ne rien appliquer sur les parties génitales», dit-elle.

Suspectés de favoriser l'apparition de certaines maladies, les sels d'aluminium contenus dans certains anti-transpirants ont longtemps fait l'objet de critiques. Aujourd'hui, beaucoup craignent que l'application de déodorant sur une plus grande surface de peau entraîne une augmentation du nombre de substances nocives qui pénètrent dans l'organisme. Un point sur lequel la Dre Meli se veut rassurante. «Il va de soi que plus la surface d'application d'un produit est grande, plus la quantité de produit absorbé par la peau est importante. Or, jusqu'à présent, aucune preuve d'un quelconque effet nocif des composants d'un déodorant ou des sels d'aluminium n'a été apportée», précise-t-elle. Marianne Meli conseille aux personnes dont le but est de lutter contre la transpiration à des endroits bien précis du corps, notamment dans le dos, de recourir à un anti-transpirant contenant des sels d'aluminium.

Pour lutter contre la transpiration excessive, la dermatologue conseille non seulement le port de vêtements amples et respirants en fibres naturelles, mais aussi une herbe. «La sauge, sous forme d'infusion ou de gouttes disponibles en pharmacie, est efficace pour lutter contre la transpiration sur tout le corps», explique la Dre Meli.

En cas d'hyperhidrose généralisée, il faut rechercher la cause afin d'écarter, par exemple, une hyperthyroïdie ou un diabète. «Une fois toute pathologie écartée, il est aussi possible de mettre en place un traitement médicamenteux contre l'hypersudation», comme le mentionne Marianne Meli.