GenèveLe militant du climat restera en détention provisoire
La Chambre pénale de recours a débouté un homme suspecté d’avoir incendié des machines de chantier de Lafarge-Holcim. Il restera à Champ-Dollon.

Jeudi, une soixantaine de personnes avaient manifesté devant le Palais de justice pour réclamer la libération du militant.
20 min / leoJeudi, une soixantaine de personnes s’étaient réunies devant le Palais de justice pour protester contre le placement en détention provisoire d’un jeune militant climatique. Ce dernier est suspecté d’avoir incendié deux véhicules de chantier appartenant à Lafarge-Holcim et d’en avoir saboté d’autres dans une gravière de Laconnex, le 4 janvier 2022. Le prévenu a été appréhendé le 15 mars de cette année. La manifestation de ses soutiens n’a pas infléchi la justice: dans un arrêt daté du même jour, soit le 13 avril, la Chambre pénale de recours (CPR) a débouté le militant, qui contestait sa détention provisoire.
Bidons d’essence découverts
La CPR a retenu que son ADN avait été relevé sur l’embouchure d’un bidon d’essence, et qu’un gant saisi à proximité des engins calcinés comportait d’autres traces d’ADN, qui ne lui correspondaient pas. Elle a aussi noté que des bidons d’essence avaient été découverts à son domicile, où des téléphones portables, des clés USB et un ordinateur ont été saisis. Certains de ces appareils sont pour l’heure inexploitables: le prévenu a refusé d’en donner les codes d’accès, et des scellés y ont été apposés à la demande de la défense. Leur levée est suspendue à une décision de justice qui n’a pas encore été rendue.
La CPR estime par ailleurs que les indices qui permettent de soupçonner le militant «ne sont pas constitutifs d’une seule infraction, comme il paraît le croire, mais de plusieurs, et dont l’une au moins, l’incendie intentionnel, est un crime, ayant causé davantage qu’un dommage de peu d’importance».
Accès entravé aux téléphones
Dans sa décision d’autoriser la détention provisoire jusqu’au 15 juin, le Tribunal des mesures de contraintes avait retenu le risque de collusion (soit le fait de compromettre la recherche de la vérité en influençant des tiers ou en altérant des preuves). La CPR a validé ce raisonnement et qualifié ce risque d’«élevé». Elle a considéré d’une part que le gant retrouvé sur les lieux de l’incendie constitue un indice laissant supposer que le jeune homme était accompagné ce soir-là. Elle a jugé d’autre part que son refus de faciliter l’accès à ses appareils électroniques «suscite l’interrogation et participe du risque de collusion». Bref, si la levée des scellés prend du temps et entraîne sa détention dans l’intervalle, «le recourant ne peut s’en prendre qu’à lui-même».
Les arguments écartés de l’avocat
Le militant a toujours refusé de s’exprimer, sauf pour contester les faits reprochés. A l’appui de son recours, et afin d’évacuer le risque de collusion, son avocat Me Olivier Peter avait argué que rien ne montrait que l’incendie avait été commis par plusieurs individus – un gant étant un élément commun à tout chantier. Il relevait par ailleurs que la police avait attendu neuf mois avant d’exécuter le mandat d’amener à l’encontre de son client, un délai «extraordinairement long» qui démontrait à ses yeux l’inanité du risque de collusion. Il plaidait donc une assignation à résidence chez son père, avec un bracelet électronique et l’interdiction d’utiliser ses appareils électroniques et de contacter des tiers.