GenèveDes activistes du climat réclament la libération d’un des leurs
Des dizaines de personnes ont dénoncé jeudi la détention provisoire d’un militant, soupçonné d’avoir incendié des véhicules et saboté des machines de Holcim.

Plusieurs dizaines de militants se sont réunis devant le Palais de justice pour soutenir Jérémy et ont réclamé sa libération.
20 min/leo«Liberté pour Jérémy*!» Une soixantaine de personnes se sont réunies jeudi devant le Palais de justice de Genève pour dénoncer la détention provisoire «disproportionnée et scandaleuse» d’un jeune homme de 22 ans, arrêté mi-mars et incarcéré depuis à la prison de Champ-Dollon. Selon son comité de soutien, la justice reproche au militant pro-climat d’avoir «incendié deux véhicules et saboté des machines de chantier» du géant du ciment Lafarge-Holcim à la gravière de Sézegnin (GE), en janvier 2022.
Une «criminalisation» du militantisme
«Le Ministère public évoque le risque de collusion pour le maintenir en détention, a exposé Camille*, membre du comité. Nous ne comprenons pas avec qui, pour quoi. Les faits reprochés remontent à plus d’un an. Si le Parquet estime qu’il y a des complices, ceux-ci ont eu le temps de se préparer.» Pour les sympathisants du jeune homme, cette détention provisoire est avant tout politique et s’inscrit dans une volonté de «criminalisation du militantisme climatique».
Ils ont rappelé notamment l’évacuation de la ZAD du Mormont (VD) en 2021, «la plus vaste opération de maintien de l’ordre en Suisse romande depuis les années 2000» d’après eux. Un terrain qui appartient aussi à Lafarge-Holcim, «un des plus gros pollueurs du monde» et «destructeur du vivant», a souligné le comité de soutien.
«Que Jérémy soit coupable ou non, peu importe, a soutenu Jimmy*. L’Etat n’apporte que la répression comme réponse, c’est un message envoyé par le Ministère public à toute une génération de militants.» Selon lui, c’est la première fois dans le milieu du climat qu’il y a une détention provisoire et, «s’il y a un risque de collusion, c’est avec l’entier du mouvement pro-climat.»
Un fils «curieux et intelligent»
Dans un message enregistré diffusé par haut-parleurs, la maman de Jérémy a parlé d’un jeune homme «curieux, intelligent, inscrit à un championnat de badminton à la fin du mois.» Elle a aussi évoqué la détention provisoire de son fils «dans une cellule de quelques mètres carrés à quatre», entre autres, des conditions qui «semblent pires que celles dans lesquelles on purge une peine après jugement».
Selon nos informations, les faits évoqués ne seraient pas les seuls reprochés à Jérémy et un complice présumé serait toujours recherché. Contacté, son avocat, Me Olivier Peter, n’a pas souhaité faire de commentaires. Tout comme Holcim, la procédure étant en cours. De son côté, le Parquet indique que son action est «strictement encadrée par le Tribunal des mesures de contrainte, seule autorité compétente pour ordonner la détention.» S'agissant du cas d'espèce, poursuit le Ministère public, il n'entend pas commenter la procédure en cours et rappelle qu’il n'a «pas vocation à commenter les allégations de manifestants, fussent-elles grossièrement erronées.»
*Prénoms d’emprunt
Un activiste détenu provisoirement onze mois
Un militant antispéciste avait passé onze mois en détention provisoire, entre fin 2018 et l’automne 2019. Le jeune homme, âgé alors de 28 ans, était accusé d’avoir brisé quatre vitrines de boucheries genevoises, saccagé un abattoir à Perly (GE), vandalisé des bâtiments des affaires vétérinaires fribourgeoises et occupé avec une centaine d’activistes un abattoir dans le canton de Soleure. Les dégâts causés se montaient à plus de 260’000 francs. Le Parquet avait justifié sa détention provisoire, plusieurs fois prolongée, en raison du risque de récidive. Des soutiens avaient également manifesté devant le Palais de justice et pointé là aussi une décision politique. En novembre 2019, le jeune homme avait été condamné à un an de prison. Une peine confirmée par le Tribunal fédéral dans un arrêt, en novembre dernier.