Polémique à ParisLe musée conteste: «Le tableau ne représente pas un enfant»
Le Palais de Tokyo répond aux accusations qui lui sont portées. Le personnage n’est pas un enfant et l’artiste ne cherche pas à choquer mais à dénoncer.

Sans le contexte, les internautes ont rapidement conclu à une représentation de viol sur mineur. Ce n’est pas le cas, selon le musée et l’artiste.
Q. Chevrier/Palais de TokyoEn voulant dénoncer sur les réseaux sociaux un tableau de l’artiste suisse Miriam Cahn, les détracteurs ne lui ont rien fait d’autre qu’une gigantesque et mondiale publicité, alors qu’ils l’accusent d’être une promotion de la pédophilie. Ce qu’elle n’est absolument pas, répond le Palais de Tokyo, où a lieu l’exposition. «Nous déplorons, tout comme l’artiste, l’usage qui a pu être fait de cette œuvre sur les réseaux sociaux ainsi que l’absence de mise en contexte permettant d’accompagner sa compréhension», note le Palais de Tokyo.
Le tableau s’appelle «Fuck Abstraction» (voir dans le tweet ci-dessous après avoir lu l’avertissement). «Il fait polémique sur les réseaux où il apparaît généralement recadré de manière à entraîner une lecture biaisée», affirme-t-il. «L’œuvre met en scène un personnage dominateur traité de façon assez réaliste et un personnage dominé à peine esquissé, comme s’il avait déjà commencé à s’effacer. Le contraste entre les deux corps renvoie aux rapports entre oppresseurs et oppressés qui sont au cœur des conflits. Ce tableau ne représente pas un enfant», note-t-il.
Avec des avertissements
Le tableau se veut une dénonciation de comment les viols sont utilisés, dans les guerres, comme armes et comment ils constituent des crimes contre l’humanité. «Ce n’est pas l’œuvre qui est violente mais la réalité de ce que vivent les soldats et les civils en temps de guerre et que dénonce Miriam Cahn dans son exposition. C’est d’ailleurs ce qui est indiqué sur place dans le texte d’avertissement accompagnant l’œuvre, qui n’est pas présenté sur Twitter», ajoute le Palais de Tokyo.
Le musée sait toutefois que les images peuvent heurter. «Plusieurs messages d’avertissement sont disposés à l’entrée du bâtiment, de l’exposition, et auprès des tableaux les plus sensibles, pour informer les visiteurs», rappelle le musée. D’ailleurs Twitter aussi censure partiellement la peinture. Les utilisateurs du réseau font face à un avertissement avant d’avoir accès à l’image.
Un long engagement
Miriam Cahn peut être considérée comme une artiste militante. «Son travail explore depuis les années 1980 la souffrance humaine et rend compte des tragédies individuelles, notamment les violences faites aux femmes et les atteintes aux droits de l’homme commises dans les zones de conflit en les exposant sans filtre avec un regard d’artiste militante et féministe», rappelle le Palais de Tokyo. Toutefois, elle n’a «jamais usé de la transgression ni cherché à choquer le public; l’empathie avec les victimes des conflits est au cœur de sa réflexion et de sa relation aux images».