ConsommationMigros, le supermarché le plus durable? Pas selon Greenpeace
Le géant orange se targue d’être exemplaire en termes d’écologie. Greenpeace a donc analysé son business et publie un rapport plutôt critique.

Le détaillant a été passé sur le gril par l’ONG spécialiste de la durabilité.
20min/Michael Scherrer«Le détaillant le plus respectueux de l’environnement au monde». Voilà l’affirmation ambitieuse qu’on trouve sur le site de Migros, une affirmation qui a fait tiquer Greenpeace. Pas convaincue, l’ONG a analysé les pratiques du géant orange, et en tire un tableau bien différent. Elle conclut que ses objectifs ne sont pas assez ambitieux pour permettre de respecter les limites planétaires. Les économies d’eau, d’énergie ou encore d’émissions de gaz à effet de serre prévues ne concernent qu’une petite part de l’empreinte totale de Migros. Il manquerait aussi des objectifs liés à la biodiversité.
«En situation de duopole, Migros et Coop ont le pouvoir de faire évoluer la situation actuelle, écrit Greenpeace. C’est pourquoi nous leur demandons de fixer des objectifs de développement durable globaux et beaucoup plus ambitieux.»
Consommateur responsable?
Greenpeace estime en outre que Migros rejette sur le consommateur la responsabilité écologique, au lieu de revoir son assortiment. Certes, ses rayons contiennent de plus en plus d’alternatives végétales, mais elle est aussi une des plus grosses fournisseuses de viande en Suisse (43% de la volaille abattue en Suisse l’est pour sa marque Micarna). Or c’est un des aliments les plus polluants, en plus d’être consommé 3 à 4 fois plus que les quantités recommandées pour la santé, critique l’ONG. De plus, en Suisse, l’importation de fourrage concentré, notamment de soja, est indispensable pour l’élevage de poulets (entre autres), rendant le label «suisse» peu garant de leur durabilité.
Contacté, Migros répond ironiquement que «c’est dans la nature de Greenpeace de travailler avec des accusations et des attaques», mais que «nous sommes convaincus de notre stratégie», basée sur les limites planétaires mais aussi les normes sociales. Elle dit soutenir l’offre et la vente de denrées bios et être impliquée dans des projets visant une réduction des engrais et pesticides. En outre, la chaîne vise le zéro net d’ici à 2050. Toutefois, elle indique aussi que ses objectifs sont constamment revus et seront encore optimisés dans le futur.
«Le M-Check fonctionne»
Quant à la responsabilité des supermarchés, Migros «ne met pas ses clients sous tutelle, explique-t-elle. Nous ne croyons pas aux interdictions mais au citoyen responsable, à la liberté de choix et à une communication transparente – cela semble fonctionner. Une étude de l’EPFZ a montré que le M-Check (ndlr: label de notation en durabilité et bien-être animal, critiqué par Greenpeace) avait une influence positive sur un comportement d’achat durable. Mais il ne faut pas oublier que de nombreux produits issus de l’agriculture suisse sont ainsi menacés. Pour Migros, il n’est pas question de ne plus soutenir la production agricole nationale.»
Un abattoir géant dénoncé
Greenpeace en profite pour dénoncer le projet d’abattoir géant prévu à Saint-Aubin (FR), avec une capacité de 40 millions de poulets par an; de quoi soutenir l’objectif du doublement de production visé par Micarna. L’ONG critique non seulement l’aspect écologique de cette filière, mais aussi son respect du bien-être animal. La quasi-totalité des poulets vivent entre 4000 et 28’000 autres congénères, et ne voient l’extérieur que dès le 22e jour de vie, alors qu’à cet âge «ils sont déjà si lourds qu’ils ne se déplacent qu’avec difficulté». Ils sont abattus après 36 jours.
Migros précise que cet abattoir remplacera celui, obsolète, de Courtepin (FR). «Nous n’agrandissons donc pas de manière disproportionnée. Le nouvel abattoir atteindra les normes les plus récentes en matière de durabilité et tiendra compte des dernières connaissances en matière de bien-être animal.»