«Seule la régulation du cannabis pourra endiguer ce phénomène»

Publié

Nouvelles drogues de synthèse«Seule la régulation du cannabis pourra endiguer ce phénomène»

La Suisse interdit toutes les nouvelles substances qui arrivent sur le marché. Inefficace pour protéger la population, estime un commerçant de produits à base de CBD.

Un système réfléchi et régulé protégerait mieux la population que la prohibition actuelle, disent des spécialistes.

Un système réfléchi et régulé protégerait mieux la population que la prohibition actuelle, disent des spécialistes.

Getty Images/iStockphoto

Les autorités suisses courent après les nouvelles drogues de synthèse qui arrivent sur le marché et ça ne sert à rien. C’est en tout cas l’avis de Benjamin Foro, entrepreneur valaisan à la tête de la boutique en ligne B-Chill qui vend des produits à base de CBD (lire encadré). «Il est évident que seule une régulation du cannabis pourra endiguer ce phénomène dangereux et permettre une protection efficace de la santé des consommateurs, tout particulièrement des jeunes. Il est temps d’arrêter la politique de prohibition désuète.»

Il réagissait à l’annonce de Swissmedic, lundi, d’interdire dix nouvelles substances psychoactives détectées sur le marché noir, dont certains cannabinoïdes de synthèse. «Même s’il est très juste d’interdire ces substances, cette décision n’aura malheureusement pas beaucoup d’impact sur la réalité du terrain tant que le cannabis reste illégal», dit-il, plaidant pour une régulation du marché par l’État. Car aujourd’hui, les consommateurs ne savent pas toujours ce qu’ils prennent, vu les évolutions rapides sur le marché noir.

Substances à distinguer

Du côté des professionnels des addictions, le constat est en partie partagé. «Ce jeu du chat et de la souris entre producteurs/vendeurs et autorités a ses limites puisque les molécules sont souvent remplacées par d’autres lorsqu’elles sont interdites. Ce n’est donc pas une situation idéale et réfléchir à un autre type de régulation fait certainement sens», note Frank Zobel, directeur adjoint d’Addiction Suisse. 

«La question reste quelle régulation il faut mettre en place, puisque certaines des substances qui sont interdites sont effectivement très dangereuses et que nous sommes sur un marché globalisé», remarque-t-il. La Nouvelle-Zélande a réfléchi à un système où producteurs et vendeurs devaient prouver, à leurs frais, que les substances ne sont pas dangereuses. «Il y aurait alors eu un marché légal qui aurait favorisé les substances à faible risque. Ce projet n’a toutefois jamais véritablement été mis en œuvre. Dans l’idéal il faudrait donc distinguer les substances mais il faut encore inventer le bon système pour le faire», dit Frank Zobel.

Petit lexique pour s’y retrouver

Ton opinion

242 commentaires
L'espace commentaires a été desactivé