Pont du Mont-Blanc (GE)Moins de voies pour les voitures plutôt qu’une passerelle
L’association actif-trafiC estime qu’il est possible de se passer d’un nouvel ouvrage dans la Rade pour boucler le «U-lacustre» cyclable.

La variante optimale, selon actif-trafiC, est de ne conserver que deux voies pour le trafic individuel motorisé, et de laisser plus d’espace à la mobilité douce.
Collectif Affluent«Pour nous, ce projet de passerelle est dépassé, c’est une infrastructure du statu quo automobile», tranche Thibault Schneeberger, coordinateur romand d’actif-trafiC. L’association en faveur de la mobilité douce a présenté lundi des alternatives à la passerelle du pont du Mont-Blanc, un projet en gestation depuis plus d’une décennie au bout du lac.
L’ouvrage, prévu le long du pont, côté lac, serait dévolu aux piétons et permettrait ainsi de créer une piste cyclable bidirectionnelle à la place du trottoir, réalisant alors le «U cyclable» autour de la Rade. Sauf que ce projet, devisé à 54 millions de francs et prévu pour 2027, non seulement maintient cinq voies pour le trafic individuel motorisé, mais il est aussi «coûteux» financièrement et écologiquement, et «inachevé», selon actif-trafiC: «Il y aura des conflits entre les piétons et les vélos» dans le Jardin Anglais, avance Thibault Schneeberger.
Suppression d’une voie «indolore»
Actif-trafiC a mandaté le Collectif Affluent, spécialisé dans l’aménagement de l’espace public, pour explorer des pistes alternatives. Trois variantes sont proposées. La première, «minimale», propose de biffer une voie de circulation motorisée, celle qui débouche sur la rue de Chantepoulet, en direction de la gare Cornavin. «On peut la supprimer de manière indolore», relève l’association: environ 1500 véhicules l’empruntent chaque jour sur les 55’000 circulant quotidiennement sur le pont du Mont-Blanc. Cette variante permettrait de créer une piste bidirectionnelle cycliste en amont du pont et une autre monodirectionnelle en aval.
Parking du Mont-Blanc supprimé
La variante «intermédiaire» supprime deux voies pour le trafic individuel motorisé au profit notamment d’une deuxième voie de bus, qui irait en direction des Eaux-Vives. Enfin, l’alternative «optimale» maintiendrait uniquement deux voies pour le trafic individuel motorisé. Cela permettrait de réaliser deux pistes cyclables bidirectionnelles des deux côtés du pont, d’avoir deux voies en site propre pour les Transports publics (TPG) et de créer deux bandes végétalisées pour séparer les vélos des voitures, entre autres. Le parking du Mont-Blanc, «aspirateur à voitures», serait supprimé et pourrait être réaffecté en espace de stockage, par exemple.
«Moins cher et plus efficace»
Alors que la Ville a déposé fin août auprès du Conseil municipal une demande de crédit pour la passerelle (actuellement en commission), actif-trafiC veut, avec ses propositions, «rouvrir la discussion avec ce projet moins cher et plus efficace», précise Thibault Schneeberger: «Il faut que les élus sachent qu’il y a des variantes possibles et ensuite, ils se décideront en conscience.»
Réduction du trafic pas prévue avant 10 ans
Pour la conseillère administrative Frédérique Perler, chargée de l’Aménagement, des Constructions et des Mobilités de la Ville, si réduire le gabarit octroyé au trafic motorisé sur le pont «serait en effet souhaitable», cela ne s’oppose pas au projet de passerelle: «Il y aura toujours besoin de place à cet endroit au vu de sa situation stratégique, par exemple avec une voie dédiée aux vélos cargos». De plus, le Canton «n’envisage pas de réduction du nombre de voies motorisées sur ce pont avant la prochaine décennie» et l’espace qui serait récupéré serait «sans doute» consacré aux TPG: «Cela ne laisse donc aucune possibilité de boucler le «U cyclable» avant un horizon très lointain, souligne la magistrate, alors que le vélo est en plein boom à Genève».