GenèveLongtemps en rade, la passerelle du Mont-Blanc vise 2026
Après des années de tergiversations, le pont pour piétons sur la rade se concrétise. Prévue d’ici trois ans, sa construction permettra en parallèle de mieux relier les deux rives à vélo.
Dans ce projet qui traîne depuis plus d’une décennie, la Ville voit peut-être le bout de la passerelle. L’ouvrage pour piétons, en amont et quasi en parallèle du pont du Mont-Blanc, devrait être mis en service en septembre 2026, selon le planning présenté le 1er février aux différents acteurs du dossier.
Longue de 260 mètres, équipée d’un banc en continu, la structure flottera au-dessus des eaux, reliée au fond du lac par un seul pilier. Son édification, qui nécessitera de déplacer de 22 mètres les deux débarcadère de la CGN au Jardin Anglais, permettra de libérer le trottoir amont du pont du Mont-Blanc. Il sera remplacé par des pistes cyclables bidirectionnelles. Un autre projet en attente depuis des lustres sera alors enfin réalisé: le tour en continu de la rade à vélo, le fameux U-lacustre. Le chantier de la passerelle devrait durer deux ans.
Encore des incertitudes
Il reste cependant des écueils à franchir. Le crédit de construction de plusieurs dizaines de millions de francs (dont 18 à charge du Canton et de la Confédération) doit encore passer la rampe au Conseil municipal – ce printemps? Puis il faudra lancer les appels d’offres pour construire l’infrastructure. Enfin, des recours ne sont pas non plus exclus. «Nous n’avons cependant que peu de marge. Si l’ouvrage n’est pas construit avant 2027, nous perdrions les quelque 5 millions de francs de subventions fédérales», note Nicolas Betty, chef du Service municipal de l'aménagement et du génie civil.
Satisfaction (presque) générale
Pas de quoi ternir l’allégresse des partisans du projet. «Après de multiples tergiversations, cette infrastructure nécessaire semble enfin se concrétiser, se réjouit ainsi Caroline Marti, présidente de l’Association transports et environnement (ATE). Maintenant, il faut espérer que les délais seront tenus.» Pour les piétons comme pour les cyclistes, traverser la rade reste aujourd’hui une gageure: «Avec les feux, les carrefours et le trafic intense, c’est compliqué et ça prend du temps. Le projet améliorera grandement la situation.»
Ecologistes pas tous convaincus
Parmi les acteurs de la mobilité douce, le projet ne fait pas l’unanimité. Actif-trafiC est clairement moins enthousiaste. À l’instar de certains élus écologistes, l’association évoque un «projet d’un autre temps». Pour son coordinateur romand, Thibault Schneeberger, «l’objectif de cette passerelle est de maintenir cinq voies pour le trafic motorisé sur le pont du Mont-Blanc, alors même que les plans pour le climat prévoient une diminution générale de la circulation des voitures, y compris au centre-ville.»
Du côté du Touring Club suisse (TCS), c’est le soulagement. «Cela fait plus de 12 ans que l’on réclame cette passerelle piétonne! Elle libérera de la place sur le pont, y fluidifiera la circulation des vélos grâce à une piste bidirectionnelle et séparera les modes de déplacement, alors que la situation actuelle pour les deux-roues, c’est du gymkhana», réagit le directeur, Yves Gerber. Quant au trafic motorisé sur le pont du Mont-Blanc, axe stratégique pour passer d’une rive à l'autre, pas question d’y supprimer une voie pour les voitures en l’absence d’une traversée du lac, avance le TCS. «C’est ensuite seulement qu’on pourra envisager de pacifier le pont du Mont-Blanc.»
Une passerelle délicate à monter
Le point sensible du chantier ne sera pas la pose du pilier unique dans les eaux du Léman, mais l’assemblage de la passerelle. «Les éléments de la structure, qui sera plus épaisse coté Jardin Anglais, seront en partie montés à terre, décrit Nicolas Betty. Le tout sera ensuite assemblé bouts à bouts, au-dessus de l’eau, depuis des barges.» Les travaux d’accrochage seront plus importants côté rive gauche. En plus de déménager les débarcadères de la CGN, il faudra réaliser des aménagements et des accès plus conséquents que sur la rive droite, au quai du Mont-Blanc.