CarnavalPour l’UDC, la norme antiraciste ne doit pas menacer les costumés
Le parti veut s’assurer que personne ne pourra être poursuivi en raison d’un déguisement. Il veut même créer un fonds pour payer les avocats si besoin.

Les costumes de carnaval ne sont pas qu’une question de goût personnel: la loi peut aussi s’en mêler.
20min/Steve LastUn «fonds d’aide juridique pour les victimes du wokisme». C’est à cela que réfléchissent des membres de l’UDC. Ils veulent pouvoir financer les avocats qui assureront la défense des personnes qui feraient face à des poursuites pour infraction à la norme pénale antiraciste, en lien avec la nouvelle thématique du parti qui veut lutter contre «la folie woke» à l’approche des élections fédérales.
Comme l’a relevé le «Tages-Anzeiger» dimanche, alors que la saison des carnavals commence, le conseiller national Peter Keller vient, en outre, d’interpeller le Conseil fédéral pour lui demander de prendre position: est-ce que lui aussi considère que nul ne doit être inquiété en raison d’un costume que certains jugeraient «politiquement incorrect»? Le Nidwaldien cite un cas qui a fait les choux gras des journaux en fin d’année dernière: un yodleur appenzellois s’était retrouvé dans le viseur de la justice car il était monté sur scène arborant une «blackface».
Même sans intention de nuire
Pour Peter Keller, la norme pénale antiraciste a été instrumentalisée et déviée de son sens premier, qui aurait été selon lui de museler les négationnistes de l’Holocauste. Chaque année, la question est soulevée à carnaval. En 2022, la furie des réseaux sociaux a ciblé les magasins: Coop et Manor avaient dû se justifier sur leurs ventes de costumes d’Asiatiques ou d’Indiens que certains jugeaient stigmatisants. La Commission fédérale contre le racisme avait elle aussi estimé que «la vente et l’utilisation de ce type de costumes contribuent à véhiculer des stéréotypes, même sans intention de nuire de la part des personnes qui les portent».
Aux frontières de la satire
Les premières festivités de carnaval ont déjà débuté par endroits et ont déjà amené leur lot de controverse. À Sainte-Croix, la fête se déroule sur le thème des Vikings. Ce sont des commerçants de la commune qui se sont désolés, sur Facebook, d’avoir découvert des tags sur des vitrines aux accents racistes et homophobes. Le carnaval a une longue tradition de satire, mais où est la limite? «Contrairement au journal satirique qui peut être, certes, un peu dur par moments, le comité du carnaval trouve que certains tags sur les vitrines sont allés beaucoup trop loin», écrivaient les responsables du carnaval de Sainte-Croix.