Le retour de Trump alarme la plupart des politiciens suisses

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Présidentielle américaineLe retour de Trump alarme la plupart des politiciens suisses

La victoire du tribun républicain atterre la gauche, comme une grande partie de la droite, mais pas toute. À l'UDC, notamment, les avis sont bien moins négatifs.

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Très majoritairement pro-Harris, ou anti-Trump, c'est selon, la classe politique suisse naviguait mercredi entre déception, colère et interrogations, après l'élection du tribun républicain.

Un «désastre» planétaire

Sous la Coupole fédérale, la gauche parle d'une «nouvelle désastreuse pour le monde». Selon elle, le 47e président des États-Unis est un danger «pour la démocratie, les droits humains, le multilatéralisme, la protection du climat et la solidarité internationale». Des «temps troublés» s'annonceraient ainsi pour l'Europe et la Suisse.

Le champ serait laissé libre à «un président sénile et épuisé qui passera son temps à jouer au golf et déléguera sa politique au programme ultraconservateur Project 25», s'alarme, à Genève, le député américano-suisse Diego Esteban (PS). Après une nuit «terrible», il tente une analyse: «Aux USA ou ailleurs, lorsque le peuple est insatisfait de la situation économique, le pouvoir en place en fait les frais.» Exit, donc, les Démocrates, «un parti qui doit débattre de son identité, aujourd'hui trop marquée à droite».

Une réflexion qui inspire la députée genevoise du PLR, Joëlle Fiss, qui a vécu cinq ans à New York sous l'ère Obama. «Je soutenais Kamala Harris, mais personne ne savait où elle se situait vraiment, entre l'aile centriste de son parti et celle plus à gauche.» L'élue parie désormais sur une polarisation encore plus «alarmante» de la société américaine, ce qui engendrera «des répercussions partout dans le monde», avec un président qui «donne une légitimité aux mouvements néonazis et aux suprémacistes».

«Victoire conservatrice»

Reste qu'à droite, si beaucoup s'inquiètent du retour à la Maison-Blanche de son locataire entre 2017 et 2021, certains UDC, notamment, expriment aujourd'hui leur satisfaction. Plus que Donald Trump lui-même, c'est la ligne imprimée à son parti qui les séduit, avec un programme jugé similaire au leur - voire à prendre en exemple - en matière d'immigration, de protectionnisme et de pouvoir d'achat. Ainsi, le conseiller national agrarien fribourgeois Nicolas Kolly se félicite de la «victoire des valeurs conservatrices et la défaite du wokisme». D'autres y voient aussi une invitation à augmenter les budgets de la défense, puisque la première puissance militaire mondiale risque bien de se désengager à l'international.

Le résultat sorti des urnes, plus net qu'attendu, fait en tout cas dire au conseiller national Vincent Maitre (Le Centre/GE), que, vu d'Europe, «il existe sans doute une mauvaise compréhension du système américain, et des Américains eux-mêmes».

«Calme» et «sérieux» dans les bureaux de vote

Un élu suisse a scruté les élections présidentielles américaines sur le terrain. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a en effet mandaté le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) en tant qu'observateur, parmi quelque 160 parlementaires d'une quarantaine de pays européens. Objectif: s'assurer de la bonne tenue de ces élections.

Pour rappel, Donald Trump avait, en 2020 et encore ces derniers jours, dénoncé des «irrégularités» et des «fraudes» - sans jamais en avoir apporté la moindre preuve. Verdict de Jean-Luc Addor, après avoir visité 17 bureaux de vote du Nevada avec son binôme, un élu allemand: «C'était une organisation sérieuse, notamment en matière de contrôle d'identité des électeurs. Il régnait une atmosphère calme, même sereine, tant à l'intérieur des locaux qu'à l'extérieur. Je n'ai par exemple pas observé de manifestations ni d'un camp ni d'un autre.» Le Valaisan décrit même une ambiance «assez sympa» avec, à l'écart des bureaux de vote, «l'animation de DJ, qui félicitaient les gens de s'être déplacés pour voter». Pour le conseiller national, «le système a bien fonctionné».

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