SantéCinq idées reçues sur la vaccination débunkées
Les vaccins suscitent divers fantasmes justifiant, pour certains, le refus de s'y soumettre. Sont-ils vraiment efficaces? Causent-ils l'autisme? On fait le point.

Depuis quelques années, la vaccination recule dans le monde, et ce, malgré la disponibilité des vaccins. Résultat: des maladies qu'on pensait éradiquées, ou presque, reviennent en force.
Photo d'illustration/IMAGO/DepositphotosPlus de 150 millions. C'est le nombre de vies que la généralisation de la vaccination - à laquelle est consacrée une semaine mondiale, du 27 avril au 3 mai - a permis de sauver dans le monde au cours des cinquante dernières années, selon une étude publiée en 2024. Malgré ce chiffre sans appel, dans les pays dits riches, bon nombre de personnes refusent de se faire immuniser. La faute, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à un excès d'optimisme ou à une méfiance envers les vaccins, objets de toutes sortes d'idées reçues. Nous en avons choisi cinq, parmi les plus connues.
1. La vaccination provoque l'autisme
Une théorie veut que le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) serait lié à l'autisme. C’est du moins ce qu’assure un vaste mouvement anti-vaccin à tendance complotiste, porté notamment par Robert Kennedy Jr., l’actuel ministre de la Santé américain, qui vient de commanditer une énième enquête sur le sujet. Pourtant, une dizaine d’études ont déjà conclu à une absence de corrélation. Ce qui est vrai, c’est que les premiers signes d’autisme apparaissent vers 18-20 mois. Or, c'est aussi à cet âge (entre 12 et 24 mois) que se fait la vaccination ROR. Le lien entre les deux ne serait donc, selon la communauté médicale, qu'une coïncidence.
2. Mieux vaut être guéri que vacciné
L'immunité naturelle, acquise lorsqu'on attrape et surmonte une maladie, serait, pour certains, plus efficace que celle induite par un vaccin. Mais c'est oublier qu'une infection comporte des risques. La grippe, la rougeole ou la polio peuvent entraîner des complications graves, voire la mort. Sans parler des séquelles. Avec un vaccin, on inocule une dose minime et inactive ou affaiblie d'un agent pathogène - virus, bactérie - à l'organisme, afin que celui-ci apprenne à le neutraliser. En outre, pour certaines maladies comme le tétanos ou les HPV, l'immunité naturelle est inefficace.
3. Le vaccin contre la grippe est inefficace
Cet a priori est lié à deux croyances: 1) on ne peut pas contracter une maladie contre laquelle on est vacciné, 2) le virus de la grippe saisonnière est inoffensif. Les deux sont fausses. En Suisse, la grippe fait plusieurs centaines de morts par an. Le vaccin est ajusté chaque année afin de cibler les souches les plus susceptibles de se transmettre durant l'hiver. Mais ça ne suffit pas toujours à être protégé, ce d'autant que le virus mute constamment. «Les études estiment l’efficacité de 20 à 80%», précise l'OFSP. Reste que si on attrape la grippe en étant vacciné, les symptômes sont souvent affaiblis et les complications graves plus rares. Donc oui, cela fonctionne.
4. Le vaccin contre les HPV n'est que pour les filles
La vaccination contre les papillomavirus (HPV) a été introduite d'abord pour limiter le nombre de cas de cancer du col de l'utérus, maladie induite par les HPV. Mais les papillomavirus peuvent aussi causer d'autres cancers - sphère ORL, anus ou pénis - et des verrues génitales. Selon l'OMS, près de 70'000 cas de cancer chez les hommes causés par le HPV sont recensés chaque année dans le monde. Raison pour laquelle le vaccin est conseillé aussi aux garçons et jeunes hommes. Et qu'il leur est utile.
5. Les vaccins contre les maladies quasi disparues sont inutiles
Ces dernières décennies, la poliomyélite, le tétanos, la diphtérie ou encore la rougeole sont devenues si rares sous nos latitudes qu'on a fini par penser que se faire vacciner contre ces maladies était vain. Mais l'épidémie actuelle de rougeole dans le sud des États-Unis, où elle a déjà fait plusieurs morts, prouve qu'une résurgence est toujours possible dès lors que la couverture vaccinale baisse. La vaccination généralisée de la population induit une immunité collective qui empêche la maladie de circuler. Faut-il le rappeler, c'est ce qui a empêché le Covid-19 de faire encore plus de morts.
Les recommandations en Suisse
Dans notre pays, aucune vaccination n'est obligatoire. Mais l'Office fédéral de la santé publique recommande fortement ces vaccins avant l'âge de 2 ans: diphtérie, tétanos, coqueluche (pertussis), poliomyélite, infections invasives par Haemophilus influenzae de type b (méningites et laryngites graves), hépatite B, pneumocoques, rougeole, oreillons, rubéole et varicelle. Le coût des vaccinations de base recommandées est pris en charge par l'assurance maladie, après déduction de la franchise et de la quote‑part. À cette liste s'ajoute la vaccination contre les HPV entre 11 et 14 ans.