Genève n'ira plus piquer les soignants en France

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SantéGenève n'ira plus piquer les soignants en France

Les HUG et le Canton ont signé un accord avec les autorités françaises visant à limiter le recours au personnel de santé frontalier.

L'an dernier, les Hôpitaux universitaires de Genève ont engagé 133 soignants frontaliers et 157 en 2022.

L'an dernier, les Hôpitaux universitaires de Genève ont engagé 133 soignants frontaliers et 157 en 2022.

20min/Vanessa Lam

Le 10 octobre, une lettre d'intention a été signée par les autorités françaises et genevoises en matière de personnel de santé. Dans ce document, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) s’engagent à éviter de «recourir, dans la mesure du possible, à du personnel de soins en fonction dans les institutions membres des Groupements hospitaliers de territoire Haute-Savoie Pays de Gex, Léman Mont-Blanc et Bresse Haut-Bugey et notamment au démarchage direct.»

«Maintenant, il va vraiment falloir le faire»

Christian Dupessey, président du Pôle métropolitain du genevois français

Cet accord entre les HUG, le Département de la santé genevois, la Préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes et l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes signe la fin du démarchage proactif chez nos voisins français. Bien que les HUG assurent ne plus le faire depuis des années, «force est de constater que le personnel soignant en provenance de l'Ain et de la Haute-Savoie (F) a augmenté à Genève», relève le texte.

«Maintenant, il va vraiment falloir le faire», traduit Christian Dupessey, président du Pôle métropolitain du Genevois français. Les agences d’intérim devront elles aussi se tenir à carreau. La lettre stipule que les HUG doivent sensibiliser les agences qu'ils mandatent afin qu'elles évitent de débaucher des employés en poste dans ces institutions frontalières.

Efforts à fournir des deux côtés de la frontière

«C'est une sorte de gentlemen agreement, dans lequel chacun évoque les efforts à fournir, afin qu'il n'y ait pas d’un côté une zone désertique en France et de l’autre, une surabondance à Genève, se réjouit Christian Dupessey. Pour nous, il s'agit de mieux fidéliser le personnel et des deux côtés de la frontière, il faut former davantage.»

A cet effet, un nouveau Bachelor à temps partiel a vu le jour cette rentrée à la Haute école de santé à Genève. Douze étudiants ont intégré la filière en septembre. Le canton du Valais s'est également doté d'une formation similaire cette année.

«Déséquilibre transfrontalier»

«Une part importante des infirmiers et des aides-soignants résidant dans l’Ain et en Haute-Savoie travaillent en Suisse. Ces ratios sont en augmentation et peuvent atteindre près de 80% dans les zones proches de la frontière», indique une étude portant sur la situation fin 2022. Selon ce rapport de l'Observatoire transfrontalier des personnels de santé publié en mars, le nombre de ces travailleurs a explosé en dix ans: + 175 % à destination du canton de Vaud et + 65 % vers le bout du lac. «Un déséquilibre transfrontalier» que les autorités tentent de corriger.

Est-ce la fin des embauches de frontaliers ? Non. Les HUG «continueront à recruter de la même manière qu’actuellement, à savoir des personnes qui leur adressent leur candidature spontanée ou qui répondent à leurs offres d’emploi», indiquent-ils.

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