Santé: La hausse des maladies digestives précoces reste un mystère

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SantéLa hausse des maladies digestives précoces reste un mystère

Cancer colorectal ou maladie de Crohn sont de plus en plus fréquents chez les moins de 50 ans. Alimentation, pollution ou génétique pourraient être en cause.

Quand on a des symptômes digestifs jeune, comme du sang dans les selles, il faut consulter, recommandent les spécialistes. Dépisté tôt, le cancer colorectal peut souvent se guérir.

Quand on a des symptômes digestifs jeune, comme du sang dans les selles, il faut consulter, recommandent les spécialistes. Dépisté tôt, le cancer colorectal peut souvent se guérir.

IMAGO/Depositphotos

Autrefois rares avant l’âge de 50 ans, les maladies digestives telles que le cancer du côlon (dont est atteint l'acteur de la série «Dawson» James Van Der Beek) touchent de plus en plus de personnes jeunes et leurs causes, parfois génétiques, mais pas seulement, sont loin d’être élucidées.

«On sait que dans l’alimentation, il y a des facteurs qui jouent sur le risque de cancer colorectal», rappelle le professeur de nutrition Serge Hercberg, qui a longtemps présidé, pour le Ministère de la santé français, le Programme national nutrition santé.

«Il y a beaucoup» d’autres «hypothèses», poursuit le spécialiste: exposition précoce à des facteurs de risque (inflammation chronique, carcinogènes...), alimentation ultra-transformée, microplastiques, pesticides...

«Quand on a des symptômes digestifs jeune, comme du sang dans les selles, des maux de ventre répétés, de l'anémie, un manque de fer, il ne faut pas hésiter à consulter, ne pas tout mettre sur le compte des hémorroïdes», souligne le Pr Christophe Cellier, chef du service d’hépato-gastroentérologie à l’hôpital parisien Georges-Pompidou.

Réticence à se faire dépister

«Mais alors qu’on peut quasiment guérir tous les cancers du côlon dépistés tôt, les gens n’osent pas venir ou sont mal à l’aise pour parler de leurs symptômes, ce qui fait que certains cancers sont diagnostiqués tardivement», ajoute le Pr Cellier.

Selon un récent sondage pour la Société nationale française de gastro-entérologie, plus d’un tiers (37%) des 25-34 ans ne consultent pas de professionnel de santé de peur de devoir faire des examens gênants comme la coloscopie, qui permet de détecter et retirer les polypes avant qu’ils ne se muent en tumeurs malignes.

Aujourd’hui, «en France, comme aux États-Unis et dans d’autres pays, une petite frange de la population développe des cancers avant 50 ans (âge où commence le dépistage organisé du cancer colorectal). On ne sait pas trop pourquoi», rapporte le Pr Cellier.

Le nombre de cas a quasi doublé depuis 1990

Dans le monde, le taux de cancers a quasiment doublé (+80%) chez les moins de 40 ans entre 1990 et 2019, soulignait en 2023 une vaste étude de la revue «BMJ Oncology». Les cancers colorectaux font partie des six cancers (avec ceux du cerveau, du rein, du sein) dont l’incidence a augmenté entre 2000 et 2020 en France parmi les adolescents et jeunes adultes, d’après une récente étude de Santé publique France.

Certains cancers, moins de 10% du total, sont liés à des prédispositions génétiques et sont ainsi «mieux dépistés, ce qui permet de mettre en place des programmes préventifs», avec des coloscopies dès l’âge de 20 ans, ce qui empêche la survenue de cancers «dans 70% des cas», conclut le Pr Cellier.

(afp)

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