Emilie Dequenne: sa mort relance le débat sur les cancers précoces

Actualisé

SantéLe cancer touche de plus en plus de jeunes, comme Emilie Dequenne

Le décès de la comédienne belge, morte le 16 mars à 43 ans d'un corticosurrénalome, rappelle que les cancers précoces progressent. Mais ils restent minoritaires.

L'actrice en 2023, au Festival de Cannes.

L'actrice en 2023, au Festival de Cannes.

AFP

Il y a «de plus en plus de preuves que le risque de cancer augmente chez les jeunes générations», concluait en 2024 une vaste étude menée aux États-Unis et publiée dans le «The Lancet Public Health». La mort d'Emilie Dequenne, à 43 ans, atteinte d’un rare cancer de la glande surrénale connu pour frapper les jeunes, rappelle ce constat. Ce phénomène doit toutefois être nuancé face à certaines affirmations alarmistes.

L’acteur américain Chadwick Boseman, star de «Black Panther», est mort en 2020, au même âge qu’Emilie Dequenne, d’un cancer colorectal. Et, au Royaume-Uni, la princesse Kate avait annoncé en 2024 être atteinte à 42 ans d’un cancer non spécifié. Mais derrière ces cas médiatiques, y a-t-il une réelle tendance? Oui, dans une certaine mesure, selon de multiples travaux récents.

Un bond de 80% en trente ans

L’étude du «Lancet» montre que sur une trentaine de cancers, la moitié ont augmenté chez les personnes nées en 1990 par rapport aux générations précédentes. Et une étude très relayée, publiée en 2023 dans le «BMJ Oncology», attestait que la hausse des cancers dits précoces – dont le seuil d’âge varie selon la pathologie, mais s’établit généralement à moins de 50 ans – «continue à s’accentuer dans le monde entier».

La hausse de l'incidence des cancers chez les jeunes pourrait être liée au fait qu'ils ont été plus exposés plus tôt que leurs prédécesseurs à des facteurs de risques bien connus comme la tabac ou l'obésité.

La hausse de l'incidence des cancers chez les jeunes pourrait être liée au fait qu'ils ont été plus exposés plus tôt que leurs prédécesseurs à des facteurs de risques bien connus comme la tabac ou l'obésité.

Photo d'illustration/IMAGO/Depositphotos

Un chiffre impressionnant, tiré de cette étude, avait marqué les esprits: entre 1990 et 2019, le nombre de ces cancers a augmenté de presque 80%. Ce bond a conduit nombre de cancérologues à évoquer une «épidémie» chez les jeunes. Le terme est néanmoins contesté, car si les cancers précoces ont presque doublé sur la période, c’est surtout parce que la population a aussi augmenté. Et les plus âgés restent très largement en tête parmi les patients atteints de cancers.

Tabagisme et obésité précoces

Pour autant, certains cancers voient bien leur fréquence augmenter chez les jeunes. C’est le cas pour nombre de cancers du système digestif: intestin grêle, pancréas... Or, «il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour mieux comprendre les causes», admettait en janvier le cancérologue Fabrice Barlesi, directeur général de l’Institut français Gustave-Roussy, où était soignée Emilie Dequenne.

Les chercheurs privilégient plutôt deux grandes pistes: soit les générations récentes ont été plus exposées que leurs prédécesseurs à des facteurs de risques bien connus, soit de nouveaux risques sont apparus. La première catégorie d’hypothèses est notamment alimentée par un constat: comparés aux générations précédentes, les quadragénaires actuels étaient plus jeunes quand ils ont fait l’expérience du tabagisme ou de l’obésité, un problème de santé publique majeur.

Nouveaux cancérogènes en cause

Reste l’autre grande hypothèse: l’apparition de nouveaux cancérogènes. Les théories sont multiples – produits chimiques, microplastiques, nouvelles drogues, etc. – mais restent spéculatives. En attendant de mieux connaître les facteurs de prévention, certaines autorités sanitaires misent sur le dépistage, même s’il fait régulièrement l’objet de controverses quant au risque de surdiagnostic.

Les États-Unis ont ainsi abaissé en 2021 à 45 ans l’âge auquel il est recommandé de se faire dépister pour les cancers colorectaux. En Suisse, depuis le 1er juillet 2013, les caisses maladie prennent en charge les coûts du dépistage du cancer du côlon pour les personnes de 50 à 69 ans.

(afp)

Ton opinion

75 commentaires
L'espace commentaires a été desactivé